•  Revival   de Stephen King (Éditions Albin Michel) ; 448 pages

    Pas de coup de foudre en vue …

    Après Docteur Sleep, je m’étais dit que le grand Stephen King semblait enfin de retour, peut-être pas l’exceptionnel de Ca ou Shinning, mais du très bon tout de même.

    Avec Revival je ne vous cacherai pas que j’ai été particulièrement déçue.

    Par le rythme du roman: l’histoire est lente à démarrer et à s’installer vraiment, et le récit souffre de redites et de longueurs, n’arrivant jamais à sortir d’une certaine torpeur. J’ai d’ailleurs failli arrêter là ma lecture à plusieurs reprises (une première pour un King me concernant !).

    Par le personnage central, Jamie, qui ressemble bien trop à Danny (autre personnage de S King, pour ceux qui ne connaissent pas)  sans en avoir l’intérêt, et qui manque sérieusement d’énergie (sans vouloir jouer avec les mots…) et de profondeur. « Pauvre petit drogué » (ou ex drogué), ai-je passé mon temps à penser tandis qu’il s’épanchait durant des pages sur sa vie et ses addictions…

    Par l’histoire elle-même, sans surprise (dès le début les divers digressions dévoilent tout ou presque), sans relief non plus. Où est  le sens du suspense, de la tension, de la (mauvaise) surprise, de l’angoisse, que King maitrisait si bien ?  Là jamais on ne tremble vraiment, jamais on ne craint quoi que ce soit pour les personnages, et jamais on n’est surpris par un rebondissement ou un autre, tout étant bien trop prévisible et annoncé !

    Pourtant certaines pistes à peine effleurées auraient mérité d’être développées : la religiosité que certains mettent partout, les phénomènes de foule liés au fanatisme, la manipulation mentale par de pseudo gourous, les relations entre science et croyance, entre religion et médias aussi…. Et bien d’autres encore, évoquées mais jamais vraiment utilisées ni mises en avant.

    Trop de lenteurs, de longueurs, d’à peu près, de thèmes survolés à mon gout, et qui font que je ne vous recommande pas ce roman ! Mais il ne s’agit que de mon avis bien sûr !

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  • Un fond de vérité  de Zygmunt Miloszewski (Editions Mirobole) ; 480 pages

    Le procureur Szacki épisode 2 !

    Nous retrouvons ici le procureur Teodore Szacki, qui, sur un coup de tête suite à son divorce, a quitté Varsovie pour Sandomierz,  petite ville au passé historique compliqué. Il tente de se refaire une vie entre dépression larvée, collection de conquêtes d’un soir et enquêtes de routine sans intérêt, quand un meurtre sanglant se produit.

    Dans ce second roman, l’auteur continue à nous raconter l’histoire de son pays, l’enquête servant ici de prétexte pour revenir sur un sujet particulièrement sensible : l’antisémitisme plus ou moins latent d’une partie de la population. Là on découvre notamment un pan peu très connu de la fin de la dernière Guerre Mondiale : le retour des survivants des camps de la mort dans des villes et villages dont les habitants s’étaient accaparés biens et maisons, faisant des rescapés au mieux des  personae non gratae  priées de s’en aller sans rien exiger, au pire des victimes de pogroms qu’on croyait inimaginables après la découverte des atrocités nazies ( tellement inimaginables pour moi que je suis allée vérifier l’exactitude historique de certains faits !).

    Les personnages sont tout aussi intéressants que dans son premier livre, et on suit avec plaisir l’évolution de ce procureur, qui semble trainer le même ennui qu’à Varsovie, et que le questionnement face à cet antisémitisme qu’il pensait d’un autre âge fait émerger de sa léthargie. Comme en miroir de cette ambiance nauséabonde, son humour semble plus noir, plus acerbe encore, et son faux détachement face aux faits  se lézarde petit à petit, pour laisser apparaître une colère certaine face à la langue de bois,  au « politiquement correct » et au « laisser faire »  de son entourage. Quitte à y laisser quelques plumes, notamment face aux médias dont le rôle ici n’est par ailleurs pas dépeint très positivement.

    Et je vous rassure, il s’agit bien d’un roman policier, particulièrement bien mené, avec ce qu’il faut de questions, de coupables potentiels, d’échanges, de doutes.  Avec un rythme maitrisé,  un récit prenant et qui sait maintenir le suspens sur le vrai responsable jusqu’à son dénouement ou presque.

    J’ai donc pris beaucoup de plaisir à lire ce livre que je vous recommande, et je vais continuer mon exploration des auteurs proposés par cette maison d’édition qui me semble particulièrement intéressante dans ses choix!

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  • Les vivants et les morts  de Nele Neuhaus (Éditions Actes Sud) ; 496 pages

    Encore un très bon Neuhaus !

    Lecture numérique

    Il est des auteurs qu’on retrouve toujours avec plaisir. Non parce qu’ils nous font vibrer, trembler, rire plus que d’autres, ou bien parce qu’ils sortent du lot par  leur recherche de l’excellence dans les mots et le style. Mais tout simplement parce qu’ils savent nous mettre à l’aise, répondre à nos attentes en nous proposant de très bons moments de lecture, et dont on sait qu’on ne sera jamais (ou rarement) déçu…

    Nele Neuhaus fait partie de ceux là pour moi, et c’est  avec bonheur et intérêt que je retrouve Pia et Oliver, ses personnages fétiches, dans ce dernier roman (3eme livre de cette auteure que je lis)

    Ici il est question d’un sniper qui, quelques jours avant Noël, abat plusieurs personnes : deux femmes, puis un homme plus jeune, puis … A-t-il des cibles précises ou bien tue –t-il au hasard ? Pia, Oliver et le reste de l’équipe vont devoir gérer cette situation (un vrai cauchemar pour les forces de l’ordre de tout pays)  et mener leur enquête tout en gérant les proches des victimes, la pression des médias et la présence pénible d’un pseudo profiler à la fois pédant et incompétent.

    Comme dans chacun de ses romans Nele Neuhaus nous fait vivre dans la peau de ces 2 flics allemands ; elle sait décrire mieux que personne l’imbrication de leurs vies privée et professionnelle, les impacts réciproques de l’une sur l’autre, pour faire d’eux, certes des flics à la recherche de la vérité, mais avant tout des humains avec leurs failles, leurs doutes, leurs questionnements. Un positionnement d’autant plus intéressant ici que au-delà des crimes, le récit évoque un sujet particulièrement sensible. En effet, au fur et à mesure de la progression de leur enquête, ils vont se retrouver confrontés à des situations familiales complexes, et découvrir les dessous du don d’organe en Allemagne, ses aspects les plus difficiles, voire les plus sordides (là j’ai découvert que dans ce pays la démarche avait fait l’objet de polémiques suite à de graves dysfonctionnements).

    Comme dans son roman précédent (Vent de sang) Nele Neuhaus va donc au-delà du seul  policier (domaine dont elle maitrise par ailleurs avec brio  le tempo et les règles) pour nous mettre face à des questions sociétales, en nous prenant nous lecteur, parfois à rebours du point de vue habituel,  pour nous proposer une réflexion bienvenue en nous faisant faire un « pas de côté ».

    Mais bien entendu l’enquête est présente, avec ses fausses pistes, ses retours arrière, ses hésitations, ses interrogatoires, ses multiples coupables potentiels. Et l’on suit avec plaisir ce déroulé sans temps mort, le rythme et le style traduisant parfaitement les moments de tension intense. Le coupable n’est pas simple à trouver et jusqu’au bout ou presque les questions sont posées : qui ? Pourquoi ?

    Bref, j’ai lu ce 3eme roman avec bonheur, et je compte me plonger bientôt dans 2 autres livres de l’auteure, qui m’attendent bien sagement dans ma PAL …

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  • Silo   de Hugh Howey (Éditions Actes Sud) ; 560 pages

    Un grand coup de cœur !

    Enfin ! Mes précédents lectures avaient été pour partie décevantes, pour partie sympas mais sans plus, pour partie de belles (voire de très belles) découvertes mais sans vrai gros coup de cœur.

     

    Et le voilà MON coup de cœur,  pour ce roman dont j’avais entendu parler dans plusieurs blogs et communautés de lecteurs.

     

     Un coup de cœur car il regroupe tout ce que j’aime : le genre, le thème, l’histoire, les personnages, l’ambiance.

     

    Le Genre ? La science fiction, bien sûr ! Avec un récit qui se situe dans un futur non daté, post apocalyptique. Une dystopie donc (encore ? pourraient dire certains) !  Oui, mais une dystopie riche, adulte, mature, créative même si pas forcément hyper innovante.

     

    L’histoire ?  Celle d’une communauté restreinte, réfugiée dans un immense silo  qui lui sert d’abri, et la protège d’un extérieur devenu mortel. Une communauté dont le fonctionnement repose sur un pacte, qui définit les droits et les devoirs de chacun, et sur une structure sociale « démocratique » mais très hiérarchisée : en haut du silo les dirigeants, et au plus bas du silo les mécanos, avec bien sûr des niveaux intermédiaires. La communauté est dirigée par un maire, élu par la population, et un shérif nommé par le maire, tous deux étant notamment chargés de faire respecter ce pacte. La sanction suprême en cas de désobéissance : devoir effectuer un « nettoyage », c’est-à-dire sortir du silo et aller dépoussiérer les caméras et les rares « fenêtres » offrant un peu de visibilité sur l’extérieur.  Une sortie sans retour bien sûr … Le récit commence avec la mort du sheriff et le choix nécessaire d’un remplaçant,  choix que le maire va porter sur une personne totalement inattendue … Un récit prenant de la première à la dernière ligne, et qu’il est impossible d’abandonner tant que l’on n’est pas arrivé à son terme !

     

    Le thème ? La survie, et tout ce que l’on peut être amené à faire pour y parvenir. Celle de la communauté tout d’abord, avec une description des différents moyens et méthodes utilisés pour produire de l’électricité, essentielle au bon fonctionnement du silo. Pour produire de la nourriture bien sûr, et notamment des fruits et légumes dans un lieu sans vraie lumière naturelle.  Pour limiter l’accroissement de la population aussi car le silo est un lieu fermé et quasiment non extensible. La survie des personnages principaux ensuite, et notamment celle de Juliette confrontée à plus d’une situation difficile et qui met tout en œuvre pour trouver des solutions, avancer jour après jour.

     

    Les personnages ? Tous complexes, avec de fortes personnalités et des convictions qui les portent. Juliette, le personnage principal,  jeune femme volontaire, pragmatique, imaginative, qui met son intelligence au service de la communauté et n’hésite pas  à remettre régulièrement en cause façons de faire, de penser, et bien sûr certains des préceptes du pacte. Bernard, celui qui défend le pacte,  le statu quo, le formalisme, dont on finit petit à petit par mieux comprendre le comportement et les actes, car lui aussi est persuadé d’œuvrer pour la protection de la population. Lukas, celui qui hésite en permanence entre conformisme et rupture, et donc entre Bernard et Juliette. Bien d’autres, plus secondaires mais néanmoins attachants et importants, comme par exemple Walter, le « géo trouve tout » du silo, toujours à recycler, bricoler, réparer.

     

    L’ambiance ? Celle d’un enfermement permanent. Enfermement dans le silo ; enfermement dans certaines pièces ; enfermement dans un « scaphandre »  obligatoire mais qui ne protège que temporairement de l’extérieur. Cet enfermement est décrit à la perfection par l’auteur et j’ai plusieurs fois eu la sensation d’être moi-même à l’intérieur du silo, et surtout à l’intérieur  de ce scaphandre, à devoir avancer en gérant l’urgence de la situation et en supportant cet attirail quasiment impossible à retirer seul. C’est une profonde impression d’étouffement, à la limite de la claustrophobie parfois, que Hugh Howey réussit à faire vivre. Sa maitrise du rythme du récit permet aussi d’embarquer le lecteur : lent quand on suit montées ou descentes dans les escaliers, pour que cela paraisse sans fin et traduise la fatigue des personnages ; rapide et saccadé quand la violence se déchaine brutalement, en surprenant tout le monde.

     

    Je m’arrête là, vous l’avez compris : je vous recommande chaudement ce roman et je vais ajouter dans ma liste des « à lire » les tomes 2 et 3, que j’espère pouvoir récupérer rapidement.

     

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  • Le nexus du Docteur Erdmann  de Nancy Kress (Editions le Belial’) ; 160 pages

    160 courtes mais belles pages …

    Tout d’abord je tiens à remercier babelio  et les éditions le Belial'  qui m’ont permis de découvrir ce roman court et plus généralement la collection « une heure lumière ».

    Ici il est question de personnes âgées, vivant dans une maison de retraite aux Etats-Unis, dont le fameux docteur Erdman, physicien de renom, qui, malgré ses 90 ans, continue à assurer ses cours à l’université.  Un docteur qui se rend compte que  non seulement il n’est pas le seul  pensionnaire à connaitre des malaises plus ou moins douloureux depuis quelques jours, mais que plusieurs autres pensionnaires vivent les mêmes malaises au même moment… Situation qui attise sa curiosité et le pousse à essayer de comprendre…

    Il y a un peu de Cocoon (vous vous rappelez ce film des années 80 ?)  dans ce roman. On y suit avec un certain plaisir une bande de vieillards plutôt vifs d’esprit, leurs relations, leurs petits et gros défauts (curiosité, orgueil, égocentrisme, …), leur appétit de vivre .On y lit aussi leurs peurs et leurs craintes : déclin physique, perte d’autonomie, sentiment d’abandon par des enfants parfois peu présents. Des sentiments très humains donc, que l’auteur sait décrire (ou suggérer) avec des mots justes et un style très agréable à lire. Je me suis surprise à sourire par moment et à commencer à associer des acteurs à certains, en imaginant leurs échanges, leurs mimiques. Chez moi cela démontre que les descriptions sont réussies et que  livre a réussi à m’embarquer !  Par comparaison les autres personnages (personnel soignant, policiers,…) paraissent bien mous, bien fades, et disons le pas forcément très futés, même s’ils sont plein de bonne volonté.  Comme si Nancy Kress avait voulu inverser les rôles et nous faire passer un message : l’ouverture d’esprit, la volonté d’aller de l’avant et l’énergie ne sont pas l’apanage de la jeunesse, arrêtons donc de réduire nos ainés à leur âge, de les considérer comme inutiles et de les infantiliser.

    Le côté science fiction est lui plus mince, et aurait à mon gout, nécessité d’être accentué et développé. Certes nous sommes dans un roman fantastique, comme nous le rappelle la présence en  filigrane de cet étrange vaisseau. Le peu de détails laisse lui  la part belle à l’imagination du lecteur, ce qui est une autre force du roman. Mais il me manque  tout de même des explications complémentaires pour mieux comprendre là où l’auteur voulait nous amener, et pour totalement en apprécier les tenants et aboutissants. En refermant le livre j’ai finalement ressenti un certain gout de « pas assez » ou d’inachevé. Un sentiment certainement dû au petit nombre de pages, qui me pose souvent difficulté. A croire que je ne suis définitivement pas adepte du format « roman court » !

    A noter aussi un aspect que je ne cite quasiment jamais : la qualité graphique de la couverture, que je trouve extrêmement belle. C’est une chose à laquelle je suis assez peu sensible (j’ai appris à me méfier des couv’ trop alléchantes !) mais là je ne peux que saluer la recherche esthétique, bravo donc à la maison d’édition et à l’illustrateur qui font de ce livre un bel objet !

     

    PS: avant de découvrir ce livre, je ne savais pas précisément ce que voulait dire le mot « nexus », je suis donc allée fouiller sur le net, et je vous donne la définition que j'ai trouvée : « une connexion, généralement là où de multiples éléments se rencontrent » (c’était notre instant « développons notre culture générale").

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