• Je me suis tue de Mathieu Ménégaux (Éditions Grasset) ; 192 pages

    Terrible silence ...

    Ma note perso : 4,5/5 yes

    Ambiance : frown

    Pour : tous lecteurs

     

    Ici il est question de Claire, qui nous écrit depuis sa cellule à la prison pour femme de Fresnes. Claire nous écrit pour nous expliquer l’enchainement des circonstances qui a mené à son incarcération et à son jugement.

     Elle nous l’écrit de façon analytique, précise, factuelle, comme la cadre supérieure qu’elle était devait probablement monter un dossier ou prendre une décision.

    Et cette manière distanciée de présenter les quelques mois qui ont précédé son récit est en totale opposition avec les sentiments qu’elle nous fait partager. Peur, dégout, déni, enfermement sur soi sont incroyablement bien décrits et écrits. Nous entrons totalement dans la tête de celle qui au départ de tout est victime d’un  acte terrible, et qui, au lieu de dire, de dénoncer, va décider de se taire et d’enfouir tout ça, de le garder pour elle. Pour préserver sa vie, pense-t-elle, et ne surtout pas devenir une victime aux yeux de son mari et de ses proches

    Cette volonté affirmée de ne pas voir son image modifiée (ternie ?) est-elle de la fierté mal placée ? Le souhait de ne pas voir sa vie changer malgré l’agression ? L’expression d’un caractère de fer qui veut avancer et se démontrer sa force, sa capacité de résistance ? Un peu de tout cela certainement, même si rien n’est vraiment clair là-dessus, et que l’on finit par se dire que quelque part cette femme est devenue folle, que quelque chose en elle s’est brisé sans possibilité de se réparer.

    Cette forme de folie, l’auteur nous la décrit parfaitement. Il réussit avec un brio incroyable à nous faire vivre et ressentir les sentiments de Claire, sa sensation d’enfermement dans une situation qu’elle a créé en choisissant de se taire jusqu’au bout. Là où Saison douce avait totalement échoué à m’embarquer (trop froid, trop éloigné de moi, trop caricatural dans sa description de certains personnages), ce roman m’a scotchée et je l’ai lu en quelques heures, car il était impossible pour moi de le lâcher avant la fin, avant les derniers mots. Je vous le recommande donc vivement !

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  • Blanche neige doit mourir de Nele Neuhaus (Éditions Babel Noir) ; 528 pages

    Bienvenue dans le monde merveilleux des petits villages

     Ma note : 4,5/5   yes

     

     

    Ambiance : ouch

    Pour : amateurs de policiers de facture classique

     

    Voici donc le deuxième roman (chronologiquement) de Nele Neuhaus, le 5eme lu pour moi de cette auteure que j’apprécie tout particulièrement pour son mélange de classicisme dans le style et les personnages qu’elle nous propose,  et de modernité dans l’intégration de faits de société dans ses intrigues.

    Ici il est question du retour de Tobias dans son village natal. Un retour compliqué  car Tobias revient après dix années passées en prison pour le meurtre présumé de deux jeunes filles dont on a jusqu’alors jamais retrouvé les corps.  Tobias qui depuis dix ans clame son innocence : non il n’a pas tué, non il n’a pas caché les corps. Autant dire qu’il n’est pas le bienvenu,  d’autant plus que tous ont des raisons plus ou moins avouables pour le rejeter !

    Peu après deux évènements se produisent : la découverte d’un corps ancien, et l’agression de la mère de Tobias.  L’enquête sur le corps de la jeune fille découverte dans le béton d’un chantier va être confiée à Pia et Oliver, qui, par leurs questions dans  leur recherche du meurtrier (qui pour eux seuls n’est pas forcément Tobias !)  vont être les détonateurs d’un feu couvant et  n’attendant que d’être ravivé.

    Le thème principal du roman tourne autour de cette hypocrisie des petits villages et petites villes dans lesquelles il semble faire bon de vivre, avec des voisins qui s’apprécient, s’entraident, se protègent les uns les autres ; un faux semblant qui cache en fait des  jalousies, des rancœurs, une  avidité qui ne demandent qu’à surgir dès lors qu’un évènement vient bouleverser ses petites vies tranquilles.

    Nele Neuhaus sait parfaitement décrire cette déliquescence progressive des relations,  le doute qui ronge peu à peu des amitiés vieilles de plusieurs années,  les masques qui tombent les uns après les autres, mettant à nu les failles, les non-dits, les mensonges, voire les trahisons.

    Elle nous parle aussi de quête de rédemption, d’erreur judiciaire (en est-ce une ou pas ?), de droit à l’oubli et au pardon, finalement impensable et impossible dans ces lieux où tous se connaissent et se côtoient depuis très (trop ?) longtemps.

    J’ai particulièrement aimé ce roman  avec son enquête fouillée et son écriture qui traduit parfaitement cette ambiance qui s’alourdit progressivement jusqu’à devenir étouffante. Avec l’accélération progressive du récit on passe de manière très réussie de la description d’un village très « old school »,  similaire à certains débuts de séries anglaises se déroulant dans la campagne londonienne, à une course poursuite contre le temps et une lutte contre le climat de violence sauvage qui s’installe et pourrait mener au pire pour certains des personnages.

    Pour moi, avec Les vivants et les morts (son dernier livre paru en France), Blanche neige doit mourir est le meilleur opus proposé par l’auteure, et je vous le recommande donc vivement !  

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