• Âmes sensibles s’abstenir

    Daddy love de Joyce Carol Oates (Éditions Philippe Rey) ; 272 pages

    Âmes sensibles s’abstenir

    Avec un peu de retard, voici la chronique d’une de mes dernières lectures de 2016 !

    Dans ce roman il est question de l’enlèvement d’un petit garçon et de sa « vie » avec son kidnappeur, tel que chacun des deux le ressent ; en parallèle on suit le calvaire de la maman qui ignore ce qu’est devenu son fils.

    Chaque mot est pensé, réfléchi, pesé dans ce récit de l’horreur. L’horreur car l’auteur a su décrire de façon étonnement réaliste le mode de pensée de ce « Daddy love » immonde et pourtant persuadé qu’il apporte de l’amour aux enfants qu’il torture. On le suit dans sa perversion, en frissonnant d’autant plus qu’on le sent réellement convaincu du bienfondé de ses actes. Et ce même si par ailleurs il sait pertinemment être dans l’horreur car il cache parfaitement tout ce pan de sa vie à son entourage.

    Dans le même temps l’auteur parvient avec beaucoup de talent à nous faire vivre les mêmes moments vu de l’enfant, martyrisé et prisonnier d’une relation violente et avilissante, que l’on pense totalement sous la coupe de ce monstre qui s’imagine être un père de substitution parfait . Un enfant dont on se demande comment il peut survivre et tenir, et surtout comment il va pouvoir se construire pour résister mentalement à cet enfermement, pour ne pas devenir lui-même un monstre.

    Joyce Carol Oates réussit  par ailleurs à nous mettre aussi dans la peau de la mère détruite à tout point de vue. Physiquement déjà car lors de l’enlèvement elle a tenté de protéger son fils et a été gravement blessée, ce dont elle garde des séquelles lourdes. Moralement aussi, car elle s’en veut de n’avoir pas pu empêcher le pire d’arriver, estimant avoir été une mauvaise mère. Surtout elle se reproche d’avoir survécu à cette agression, signe pour elle d’une faiblesse impardonnable : elle aurait dû défendre son enfant jusqu’à la mort si nécessaire, et ne pas laisser ce cauchemar se produire. 

    Ce livre est une vraie claque, qui nous plonge dans un univers glauque et noir, rempli presque uniquement  de souffrance et de peur. Il n’est donc pas à mettre entre toutes les mains car il faut sérieusement s’accrocher pour ne pas le fermer au bout de quelques chapitres (et pourtant j’ai l’habitude de lire du noir, du sanglant, du violent).  

    Mais c’est aussi une claque qui laisse comme un gout d’inachevé, car la fin est abrupte, et pose plus de questions qu’elle ne termine le récit. Et vous le savez déjà certainement, je ne suis  pas adepte de cette façon de faire, j’aime quand l’auteur assume son histoire jusqu’à son terme, avec un vrai « the end ». Que celui-ci soit positif ou négatif, peu importe à la limite, mais il me faut ce « clap » qui en termine correctement à mon sens avec les x pages que je viens de lire. J’ai fini ma lecture frustrée, et c’est réellement dommage car Joyce Carol Oates avait jusque là réussi à m’embarquer totalement … mais bien sûr ce n’est que mon humble avis !

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