• la fin d'une époque

    Tout ce qui est solide se dissout dans l’air  de Darragh Mc Keon (éditions Belfond) ; 425 pages

    la fin d'une époque

    Dans ce roman l’auteur nous conte la vie de plusieurs personnages et de leurs familles avant, pendant et après l’accident de Tchernobyl d’avril 1986 : des enfants, un chirurgien, la femme d’un « liquidateur ». Comment les autorités ont tardé pour faire évacuer villes et villages autour de la centrale. Comment elles ont sacrifié les hommes de ces villages en leur faisant enfouir les objets, les cadavres d’animaux, les plantes, les arbres et les terres de surface, tous contaminés. Comment elles ont sacrifié aussi  les enfants et les femmes enceintes, les condamnant aux maladies, aux malformations, à une mort lente.

    L’horreur est décrite doucement, par petites touches d’abord, comme pour nous habituer  (on le sait « le diable est dans les détails ») : les tronçonneuses neuves qui arrêtent de fonctionner au bout de quelques heures, quelques jours de travail, les enfants qui portent tous la même petite cicatrice sur le cou, les animaux de compagnie qu’on fuit.  Puis le récit devient plus précis avec la description des difformités des « bébés Tchernobyl » , celle de ces hommes qui meurent à petit feu et que personne ne veut soigner, celle de ces forets qui se transforment en paysages magnifiques, des paysages aux couleurs  jusqu’ici jamais vues, synonymes de radioactivité et de danger .

    Mais en toile de fond c’est une autre catastrophe que décrit l’auteur, celle liée à la faillite d’un système qui broie  les vies et les esprits au nom de grands principes, tous bafoués dans les faits, et dont Tchernobyl n’est qu’un révélateur. Là aussi petit à petit on découvre la misère, le système D, le silence obligatoire, la promiscuité, l’alcoolisme,  la violence, et la peur surtout, omniprésente malgré l’affaiblissement du régime communiste. Progressivement on perçoit comment sont détruits  les personnes, les couples, les familles, les amitiés, et que seuls les plus solides, les plus unis ou bien les plus compromis, les plus lâches, réussissent à survivre.

    Bref, ce livre qui veut raconter les choix et le parcours de quelques personnes courageuses raconte surtout et avant tout la fin d’une époque. Avec une question qui demeure, et à laquelle  seule la lecture d’un essai documenté sur le sujet permettra peut-être de répondre : Tchernobyl était-il annonciateur de la fin d’un régime, ou bien est ce la faillite d’un régime qui a conduit entre autre à Tchernobyl ? A moins qu’il n’existe aucun lien entre les 2 et que seule la coïncide fasse que l’un (le plus grave accident nucléaire de l’Histoire)  ait précédé l’autre (la fin du socialisme soviétique) de quelques années.

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 24 Février 2016 à 18:05

    Ta chronique m'a donné envie de m'acheter le lire sur le champs. 

    2
    Mercredi 24 Février 2016 à 19:52
    Merci ! J'ai effectivement aimé ce beau roman....
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