• Qui a tué l’homme homard ?    de J M Erre,  Editions Buchet Chastel , 368 pages   

    Morte…de rire avec ce policier déjanté !

    Mon avis : 5/5 cool cool

    Ambiance : money  oh

     

    Ici il est question d’un meurtre horrible avec découpage de corps, d’anciens pensionnaires d’un cirque de monstres, d’un gendarme ni alcoolique ni dépressif ni moche ni beau, et d’une enquêtrice amateur qui passe tout son temps avec le majeur dressé et des « ffffffffffffffffchhhhhhhier » à la bouche, quand elle ne bave pas. Tout ceci dans un délicieux petit village lozérien aux habitants plus accueillants (ou pas…) les uns que les autres.

    Ça donne envie non ? En tout cas moi qui aime de temps en temps sortir des sentiers battus - et des brumes nordiques ou villes américaines-  du polar cela m’a donné envie …d’autant plus que l’auteur n’est autre que JM Erre, un de mes chouchous !

    Et j’ai vraiment bien fait d’en sortir (des sentiers battus, il faut suivre …) car l’auteur nous propose un de ses meilleurs romans, le meilleur peut-être  (et venant de moi, qui suis fan totale de cette plume là, ce n’est pas peu dire) !

    En 368 pages, il réussit en effet l’exploit de dynamiter le genre tout en en respectant  les attendus !

     Les meurtres sont là, odieux : on s’en prend à des malades, des personnes âgées. Ils sont sanglants aussi avec  tronçonnages  joyeux et giclures de sang à gogo. Mais les victimes sont tellement mauvaises que finalement elles ne manquent à personne et que limite tout le monde se félicite de leur transformation en viande froide morcelée façon bœuf bourguignon.

      Les enquêteurs sont bien présents. Eux, toutefois, sont désespérément normaux, limite ennuyeux, d’où le renfort assuré par la narratrice de l’histoire, qui se décrète d’office adjointe et va nous conter à sa manière la déroulé de l’enquête. A sa manière car non seulement c’est une amatrice, mais surtout elle est tétraplégique, dotée d’un fauteuil roulant high tech (vitesse de pointe 25km/h tout de même !) et d’un ordinateur lui permettant de communiquer en mode personnalités multiples.

    Quant aux suspects ils sont pléthores et tout aussi …particuliers les uns que les autres ; d’ailleurs tout le monde finit par être suspect à un moment où à un autre, y compris Babiloune le pauvre stagiaire gendarme, c’est pour dire (comment diable peut-on considérer comme suspect potentiel un pauvre gars affublé d’un patronyme pareil, mais attention on ne sait jamais…) !  

    Le récit est lui tortueux et « chausse trappé » (quoi, pourquoi je n’aurais pas le droit moi aussi d’inventer des expressions !)  comme il se doit, avec des rebondissements en veux-tu en voilà, des fausses pistes plus vraies que nature, des cascades, des mises en danger, des découvertes et roulements de tambour à la pelle.

    Un policier donc. Mais à la mode Jean Marcel (oui Jean Marcel, pas Jean Marc ni Jean Michel ni Jean Maurice non plus), totalement barré, déjanté, frapadingue, qui vous fera pleurer de rire, si vous avez la jauge « humour » relevée au maximum bien sûr, sinon passez votre chemin malheureux, vous pourriez n’y rien comprendre !

    Et un policier rudement bien écrit, par-dessus le marché ! Comme d’habitude JM joue avec les mots, les expressions, les phrases (sujet verbe complément avec ou sans conjonction de coordination, nous avons là un auteur qui est aussi professeur de français) avec une facilité déconcertante. Il tord, détourne, joue avec la langue française pour nous proposer un style d’écriture qui n’appartient qu’à lui, une plume absolument jubilatoire que personnellement j’adore !

    Si j’osais –allez, j’ose-  je dirais que J’M Erre (je sais c’est nul, franchement pas au niveau du tout coté jeux de mots) et que tant qu’il nous écrira des romans pareils je redoublerai avec bonheur ! Et bien sûr je vous recommande ce roman, que dis-je,  je vous le recommande chaudement… Alors vous savez ce qui vous reste à faire : courir chez votre libraire préféré et acheter cette pépite, vos zygomatiques et la langue française vous remercieront !

     

    En bonus, un extrait de l’émission La Grande Librairie avec la participation de l’auteur

    Pin It

    votre commentaire
  • Claustration  de Salvatore Minni,  Editions Nouvelles Plumes, 224 pages

    De très bonnes idées mais pas totalement abouti !

     

    De très bonnes idées mais pas totalement abouti !

    Mon avis après lecture : 2,5/5  ouch

    Ambiance : shocked  ouch

     

    Lecture numérique !

    J’ai lu ce roman dans le cadre de la sélection finale pour le Prix des auteurs inconnus, catégorie Noire.

    Ici il est question de Clara, de Charles et de  Mr Concerto. Leur point commun ? Être tous 3 enfermés entre 4 murs, pour des raisons différentes : Clara a été enlevée et est maintenue prisonnière dans des conditions terribles, Charles  vit caché dans sa cave pour échapper à on ne sait trop quoi (au début bien sûr !), et  monsieur Concerto a été interné sur demande de sa femme qui craignait pour sa vie. Nous allons suivre leurs histoires respectives et comprendre petit à petit ce qui les lie au-delà de leur enfermement.

    Je suis très partagée sur ce livre qui pour moi présente des aspects plutôt positifs et d’autres bien plus critiquables.

     Le récit m’a paru intéressant avec une alternance entre les personnages principaux dont les histoires posent question : qui a enlevé Clara ? Pourquoi Charles et son épouse semblent terrifiés par le fait qu’on le découvre ? Pour quelles raisons Mr Concerto est-il interné ?  J’ai vraiment eu envie d’obtenir des réponses et en cela l’auteur a réussi à m’accrocher.

    Par contre les personnages secondaires (il y en a quelques un : Françoise l’amie de Clara, Rose la femme de Charles, …) m’ont très vite agacée par leur manque de complexité et l’incohérence de certains de leurs actes, ils auraient pour moi franchement mérité soit de voir leur personnalité étoffée, soit …d’être purement et simplement supprimés (Françoise notamment m’a faite soupirer à plusieurs reprises !). Cette absence de profondeur était peut-être un choix de l’auteur, en lien direct avec la trame du livre et son dénouement (impossible d’en dire plus sans spoiler !), mais cela m’a réellement dérangée et a nui à mon plaisir de lecture.

    L’écriture m’a elle  par moment posé de réels soucis :   certains moments sont très joliment et plutôt finement décrits, mais (et c’est un gros mais !)  il y a clairement un problème de choix dans les temps utilisés et on passe sans arrêt de manière très maladroite (et à mauvais escient selon moi) de l’imparfait au passé simple, voire au subjonctif. Cela rend la lecture particulièrement pénible et lassante, à la limite du drôle par moment (je me suis surprise à attendre le prochaine « eût » ou eut »  et à me demander si je n’allais pas finir par les comptabiliser). Sans parler du nombre récurrent de fautes d’orthographe (là c’est franchement limite !).

    Bref, au terme de ma lecture j’éprouve un vrai sentiment d’inachevé, voire de frustration : avec son roman Salvatore Minni tenait, il me semble, quelque chose de réellement intéressant et intrigant. Mais il aurait fallu pousser plus loin ses personnages -notamment les secondaires-   les étoffer, parfaire leurs rôles respectifs.  Surtout il aurait fallu relire et corriger les fautes et être plus attentif à l’utilisation des temps de conjugaison. Mais bien sûr ce n’est que mon humble avis !   

     Pour plus d'informations :

    site de l'auteur

    sa page facebook

    le site du Prix des auteurs inconnus

     

    Pin It

    votre commentaire
  • L’inconnue de l’équation    de Xavier Massé ; Editions Taurnada, 260 pages

     

    Le fin mot de l’histoire …

     

    Mon avis après lecture : 3,5/5  smile

    Ambiance : ouch

     

    Lecture numérique !

    Tout d’abord je tiens à remercier Joel des éditions Taurnada , qui m’a proposé de découvrir ce roman en avant-première !

    Ici il est question de François, Juliette et Julien leur fils, tous les 3 découverts suite à l’incendie qui a ravagé leur maison. François et Juliette sont morts ;  Julien est gravement blessé par balle. Une femme flic est elle aussi retrouvée blessée sur le lieu de l’incendie. Mireille (la maman de François arrivée sur les lieux au moment du drame) et elle sont interrogées séparément par les policiers en charge de l’affaire, qui cherchent à comprendre ce qu’il s’est produit.

    Durant tout le roman Xavier Massé fait alterner  huis clos au sein des locaux policiers  et découverte progressive de la vie du couple, telle que vécue ou racontée  par les différents protagonistes, les vivants comme les morts. Très vite on en arrive donc à se demander qui ment et qui dit vrai dans cette histoire, où les paroles et avis se confrontent, parfois cohérents, parfois très éloignés. Et on se prend au jeu des non-dits, des questions, des doutes, et à essayer de démêler le vrai du faux.

    Car c’est une vraie pelote de laine que l’auteur nous propose, une pelote pleine de nœuds à défaire et de mensonges à démasquer, pour arriver à tirer le fil de ce qui nous est dit jusqu’à découvrir la réalité et ce qu’il s’est vraiment passé,  le jour du décès d’abord mais aussi durant  les années qui ont précédé l’incendie.

    Je pourrais reprocher quelques éléments à ce roman : un début sur les chapeaux de roue qui fonctionne très  bien mais une avancée qui a tendance à tourner à vide durant quelques pages ;  un style qui, il me semble, perd un peu de sa force initiale avec des redites et des dialogues qui s’enlisent par moment ; les personnages de policiers enfin sont parfois un peu caricaturaux, et ressemblent peut-être un peu trop à ceux d’un excellent film de gangsters des années 90, dans leurs réactions  notamment.

    Mais heureusement,  le récit repart après ce petit trou d’air, et nous propose rebondissements, fin et épilogue que j’ai trouvés réussis et bien amenés. L’écriture elle, est agréable, elle redevient vite  fluide, et contribue à nous embarquer jusqu’au terme de l’histoire. Et on s’attache sans peine aux différents personnages malgré des éléments de personnalités parfois survolés un peu rapidement.

    Xavier Massé, au final, nous propose un roman  facile à lire, qui accroche, qui fait poser question, qui donne vraiment envie d’aller jusqu’au bout de cette pelote de laine, jusqu’à son tout dernier nœud. Un roman efficace donc, qui ne restera peut-être pas dans ma mémoire durant des années, mais qui m’a clairement fait passer un très bon moment de lecture !

     

    Pin It

    votre commentaire
  • Un jour de ta vie  de Véronique Rivat,  Editions Evidence, 352 pages  

    Pour moi c’est non …

     

    Pour moi c’est non …

    Mon avis : 1/5 no

    Ambiance : kiss

     

    J’ai lu ce roman dans le cadre de la sélection finale pour le  Prix des auteurs inconnus, catégorie Noire.

    Je vais être honnête : j’ai beaucoup de mal à écrire cette chronique, d’autant plus qu’on sent très bien que Véronique Rivat a mis beaucoup d’elle et de sa propre expérience dans son récit, et que je ne souhaite blesser ni la personne ni l’auteure.

    Vous l’avez compris, je n’ai pas du tout aimé ce roman, qui pour moi ne correspond en rien à la catégorie Noire, en tout cas tel qu’il est actuellement construit.

    Durant plus de 300 pages, et durant  20 ans,  nous suivons en fait une histoire d’amour et de souvenirs  entre un gendarme décédé (le narrateur) et sa compagne. Une sorte de « Ghost » revisité, avec en toile de fond l’enquête menée par celle-ci pour découvrir qui est réellement à l’origine de la mort de son conjoint. 

    Nous allons avec Alexandra et Florent de mots doux en mots doux, avec des « mon poussin », « ma muse », « mon loulou », … bien trop omniprésents à mon gout. C’est le choix stylistique de l’auteure, donc soit ! Mais ce qui me dérange c’est le manque d’évolution dans le temps des personnages, surtout Alexandra. Si on peut comprendre que Florent demeure le même sur la durée, figé dans ses 23 ans du fait de son décès brutal, on est en droit d’attendre qu’Alexandra évolue, change, je dirais même grandisse un peu. Or, durant tout le récit j’ai eu la sensation de suivre une jeune femme d’une vingtaine d’années, qu’on soit en 1995 ou en 2010, ce qui m’a même parfois profondément agacée.

    Les personnages secondaires souffrent aussi pour moi de leur peu de relief, et parfois de cohérence me semble-t-il. J’aurais aimé notamment que ceux des collègues gendarmes de Florent soient plus fouillés, plus présents, plus approfondis. Ils sont là par touche durant l’avancée mais sans que l’on puisse percevoir suffisamment (selon moi) les détails de leurs relations, ce qui amoindrit l’intérêt du déroulé de l’enquête.  

    Une enquête qui progresse parfois lentement, parfois bien plus vite, de rebondissements en rebondissements, de façon plutôt cohérente, mais sans que je sois surprise, du fait notamment de ce  manque d’épaisseur des personnages et de liant dans leurs relations. Une enquête qui finalement n’est qu’une excuse et un moyen de raconter l’histoire de Florent et Alexandra. Une enquête qui passe au  second plan alors  que j’attends de cette catégorie Noire une mise en avant d’éléments policiers (ou polar ou thriller), qui peuvent certes s’insérer dans autre chose (de l’Histoire, de la psychologie, …), mais qui doivent garder une certaine puissance, ce que ce récit ne propose à aucun moment.

     Bref, je n’ai pas adhéré au style de l’auteure, ses personnages m’ont laissée de glace, je n’ai pas été embarquée dans l’histoire et  je n’ai pas retrouvé les marqueurs attendus de cette catégorie. Mais ce n’est que mon humble avis !

    Pour plus d'infos sur le prix, sur l'auteure, sur le roman :

     https://www.prixdesauteursinconnus.com/

    https://www.evidence-boutique.com/clair-obscur/un-jour-de-ta-vie

    https://www.facebook.com/veronique.rivat.fanpage/

     

    Pin It

    votre commentaire
  • De bonnes raisons de mourir  de Morgan AURIC,   Éditions Albin Michel

     

    Meurtres sur fond de catastrophe écologique et humaine

     

    Mon avis après lecture : 4,5/5 cool  yes

    Ambiance : shocked  oh

     

    Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel qui m’ont permis de découvrir cet excellent roman !

    Ici il est question d’un meurtre horrible et d’un cadavre découvert par des touristes au milieu de ruines. 2 enquêteurs vont, chacun de leur côté, tenter de comprendre ce qu’il s’est passé et d’identifier le meurtrier. Une trame classique me direz-vous, si ce n’est qu’il ne s’agit pas de  n’importe quel cadavre et qu’il ne s’agit surtout pas de n’importe quelles ruines !  Car tout se passe dans la zone interdite qui entoure la centrale de Tchernobyl, et le mort est le fils d’une jeune femme elle-même assassinée en avril 1986,  le soir de l’explosion de l’un des réacteurs de la centrale.

    Durant 400 et quelques pages, Morgan Auric va dresser le tableau d’une Ukraine aujourd’hui exsangue, coincée dans une guerre qui ne dit pas vraiment son nom, dans une crise économique larvée et  une situation écologique catastrophique. Avec ses personnages nous découvrons des habitants, abandonnés à leur sort depuis bien longtemps, qui pour la plupart tentent de survivre tant bien que mal, oscillant sans cesse entre peur, résignation, repli, ou bien violence et trafics en tous genres. Les héros du quotidien (et ceux du passé, comme les « liquidateurs » de Tchernobyl), les malades et les survivants (mais pour combien de temps ?) côtoient ceux qui - par cynisme ou recherche de profit rapide- trempent dans les pires combines du business radioactif.

    Nous allons aussi croiser guides touristiques du nucléaire ( ??!!), revendeurs de produits irradiés (bois, fer, poissons, légumes, ..), trafiquants en tous genres. Nous allons  suivre pas à pas les 2 policiers, partagés comme eux entre sidération et fatalisme, dans cette enquête par moment hallucinante, jusqu’à découvrir avec eux le fin mot de cette double énigme : le pourquoi du meurtre de la mère en 1986 et du fils plus de 30 ans après.

    J’ai vraiment passé un très très bon moment de lecture avec ce roman qui propose en fait  tout ce que j’aime.

    Un contexte fort d’abord, dont j’ai déjà parlé : la guerre de Crimée juste évoquée mais très présente ; les impacts catastrophiques de l’accident de Tchernobyl sur le pays et ses habitants, et sur l’ensemble de la population mondiale par ricochet (l’exemple de la trottinette radioactive fait froid dans le dos !)

    Des personnages complexes ensuite, y compris ceux de second plan, qui ici apportent du relief et renforcent les éléments forts du récit (mention spéciale à cette femme terrorisée par le fait que son mari travaille dans la zone autour de Tchernobyl).

    Une intrigue, enfin, qui s’inscrit à la fois dans l’Histoire récente (celle de 1986 et des années qui ont suivi, avec l’éclatement de l’URSS) et dans le présent, qui tient la route, avec un rythme prenant et porté par  une écriture efficace.

    Bref, vous l’avez compris, je vous recommande vivement ce livre !

     

    Pin It

    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique