• Deux gouttes d’eau de Jacques Expert  (Éditions Sonatine) ; 336 pages

    Encore une réussite

    C’est le 6eme roman de l’auteur que je lis, donc autant dire que j’apprécie énormément Jacques Expert ! Et celui-ci ne déroge pas à la règle : et oui, j’aime ce qu’il me propose !

    Ici il est question d’un meurtre horrible de violence et d’une enquête qui aurait dû être rondement menée, le meurtrier ayant été filmé et son ADN présent partout sur la scène de crime. Si ce n’est que le présumé coupable a un frère qui lui ressemble…comme deux gouttes d’eau. Qui a tué ? Antoine ou Franck ? Franck ou Antoine ? 

    Comme d’habitude, Expert va s’amuser à brouiller les pistes tout en  brossant le portrait de personnages qui malsains, qui paumés, qui trop sûrs d’eux ou au contraire faibles et hésitants, en tout cas rarement exemplaires ou sympathiques. Il va jouer avec nous comme avec eux, nous baladant d’un jumeau à l’autre, d’une possibilité à l’autre, en nous faisant vivre l’enquête mais aussi revivre le passé de la famille.

    Lequel des jumeaux est le maléfique, le mauvais, le désaxé, celui qui a manipulé et effrayé parents et entourage depuis son enfance et qui a fini par tuer et décapiter ? Lequel est la victime, celui qui a subi, qui a dû vivre aux cotés d’un frère monstrueux et dominateur ? Ça on ne le saura qu’à la toute fin bien sûr, dans les toutes dernières pages. L’auteur sait alterner le temps présent, celui de l’enquête, des interrogatoires, des investigations des policiers en charge de l’affaire, et les chapitres qui dévoilent l’enfance de Franck et Antoine, et avec elle le questionnement de parents qui peu à peu se rendent à l’évidence : quelque chose ne tourne pas rond dans leur famille.

    Alors c’est vrai, j’ai trouvé l’intrigue peut-être légèrement en deçà de celle de Qui ? car plus évidente (en tout cas en ce qui m’a concernée). Mais elle n’en demeure pas moins prenante du début à la fin, cohérente, rythmée, efficace. Les personnages m’ont parus  peut-être plus convenus que dans Adieu, mais cela ne m’a pas empêchée de les suivre avec beaucoup d’intérêt.

    Bref, ce roman n’est peut-être pas pour moi le meilleur de Jacques Expert, mais je l’ai néanmoins lu très vite, avec beaucoup de plaisir, et je vous le recommande donc !

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  • Cyber China de Qiu Xialong (Éditions Liana Levi) ; 288 pages

    Que je me suis ennuyée !

     

    Ici il est question d’un dignitaire chinois retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel après avoir été mis en résidence surveillée suite à un scandale financier. L’enquêteur Chen Cao va tenter de faire la lumière sur cette affaire (suicide, meurtre ?)  et pour ce, il va notamment aller à la découverte de journalistes et blogueurs qui tentent de s’opposer au régime.

    Ce roman est le premier de l’auteur que je lis, et ce sera probablement le dernier. Pourquoi ? Tout simplement parce que je me suis profondément ennuyée tout au long de ma lecture, espérant jusqu’au bout que quelque chose allait réellement se passer, que j’allais peut-être être un minimum surprise à un moment donné. Mais non, rien, de la platitude du premier au dernier chapitre.

    J’ai réellement eu le sentiment que rien ne se passait au long de ces presque 300 pages : j’ai trouvé l’enquête policière peu présente, tellement peu présente que je l’ai ressentie comme un simple prétexte à une visite de la ville de Shanghai, visite surtout culinaire d’ailleurs ! Et je l’avoue, j’ai vite été lassée de la description de ces restaurants, de ces plats, de ces soupes, de ces tasses de thé, qui se succèdent au fil des pages.

    Lassée aussi par le peu d’intérêt que j’ai ressenti pour les personnages principaux, que l’auteur aurait pourtant pu mettre en avant en exploitant au mieux leurs failles, leurs doutes, leurs hésitations, entre protection de leurs acquis (qui passe forcément par l’allégeance au pouvoir en place) et volonté de faire bouger les choses (en se mettant donc en danger par la dénonciation de la corruption qui gangrène le pouvoir chinois).

    Lassée enfin car le récit m’a paru prévisible et rapidement insipide, sans les rebondissements qu’on attend tout de même un minimum d’un policier, même le plus simple. Quant à la découverte de la Chine des blogueurs opposants promise par le 4eme de couverture, et bien franchement je l’attends toujours, car le sujet n’a été pour moi que vaguement effleuré ; et forcément cela ne m’a pas aidée à apprécier le roman car quoi de plus agaçant qu’un résumé qui se moque franchement du lecteur potentiel ( attirer, attiser la curieux, voire aguicher je l’accepter, mais être aussi peu représentatif de ce qu’est vraiment le contenu d’un livre, c’est au-delà de la limite acceptable !).

    Bref, vous l’avez compris, je suis passée totalement à coté de ce Cyber China et  je ne vous le recommande pas, mais ce n’est bien sûr que mon humble avis !   

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  • Les fauves de Ingrid Desjours (Éditions Robert Laffont) ; 448 pages

    Coup de cœur  !

    J’en termine de mes chroniques 2016 !

    Dans ce roman il est question de la rencontre de 2 personnalités à la fois extrêmement fortes et particulièrement fragiles : Lars, un ancien soldat d’élite reconverti dans la protection rapprochée, et Haïko une « gosse de riches » activiste anti islamiste menacée de mort.

    Mais ne vous imaginez pas vous retrouver dans la version écrite du film « Bodyguard », car vous vous tromperiez lourdement ! Ici pas de paillette, pas de strass, pas de rose bonbon ni de guimauve ! Bien au contraire ! Les fauves ce sont Lars et Haiko, des animaux sauvages,  magnifiques et brutaux, qui se jaugent, s’observent, se côtoient, s’affrontent par moment. Ils sont fascinés l’un par l’autre, par leurs différences mais aussi leurs ressemblances : même jusqu’auboutisme, même  attrait pour la violence qui (le croient-ils) les aident à contenir  leurs démons intérieurs.

    Le récit se dévore du début à la fin, d’une traite ou presque, sans jamais vous laisser respirer. Aucun temps mort, aucun moment de repos dans cette fuite en avant. Le style d’écriture est au service de la narration, empruntant ce qui fait le meilleur d’un bon page turner (la rapidité, l’efficacité) tout en nous proposant un vocabulaire précis et riche. L’histoire elle est particulièrement affutée, tout à fait crédible, mêlant brutalité et finesse, âpreté et subtilité.

     Les personnages, qui représentent vraiment le cœur du livre, sont fouillés, leurs personnalités mises à nue avec une aisance incroyable, nous donnant tour à tour (et parfois en même temps !) envie de les frapper, de les détester, de les plaindre, de les admirer. Rien n’est vraiment jamais totalement tranché, ni noir, ni blanc, et de cela l’auteure sait parfaitement jouer, nous faisant sans arrêt hésiter : Haîko est-elle vraiment cette passionaria désintéressée au service d’une juste cause ou bien une accro aux cameras qui n’agit que pour faire parler d’elle ? Lars est-il un garde du corps consciencieux, professionnel et acharné au travail ou bien une brute épaisse qui cache derrière ce métier son envie de frapper (voire de tuer)  quiconque s’oppose à lui ?

    Vous l’avez compris, c’est un vrai coup de cœur pour moi que ce roman percutant, tranchant, qui m’a embarquée de la première à la toute dernière ligne ! Je l’ai lu en 24 heures, ayant bien du mal à l’abandonner en cours quand nécessaire, et je vous le recommande donc vivement si vous aimez le genre (et même si vous n’êtes pas particulièrement fan d’ailleurs) ! Quant à moi,  je vais rapidement consulter la bibliographie de Ingrid Desjours afin de dénicher (je l’espère !) une nouvelle pépite.

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  • Terminus Elicius de Karin Giebel (Editions Belfond) ; 250 pages

    Lecture numérique

    Merci à Netgalley et aux éditions Belfond !

    Dans ce roman de Karin Giebel (ré édité ici mais qui si j’ai bien compris est l’un de ses premiers écrits), il est question d’une jeune femme introvertie et particulièrement timide, qui se retrouve à recevoir des lettres d’un tueur qui se déclare amoureux d’elle. Plus que l’enquête c’est sur cette jeune femme et ses réactions que porte le roman.

    Alors, autant le dire tout de suite, ses réactions sont particulièrement étonnantes, voire carrément déroutantes, en tout cas très loin de ce qu’on imaginerait être celles d’une employée d’un commissariat de Marseille …

    Et bizarrement, même si le récit ne tient pas franchement toujours la route, l’auteure a réussi à m’emmener avec elle, pour une fois.

    Oui, Jeanne est passablement énervante avec son attitude passive, soumise ! Oui son béguin qu’elle imagine discret pour l’un des inspecteurs de la « crim » fait soupirer par sa niaiserie ! Oui certains éléments du récit sont tirés par les cheveux, voire peu crédibles !

    Mais pourtant cette fois ci, cela a fonctionné à peu près sur moi. Peut-être parce que l’on découvre petit à petit le pourquoi du comportement de l’héroïne, cette histoire familiale lourde qui l’emprisonne dans un quotidien morne ? Peut-être parce que l’on ressent de la pitié pour elle, et que même si l’envie de la secouer une bonne fois pour toute est présente, on veut savoir si elle va réussir à sortir de son apathie ? Peut-être parce que l’enquête qui avance peu à peu permet de mieux cerner le profil du tueur et les raisons de ses actes ?

    Quant au style d’écriture, peu de choses à en dire: c’est plutôt efficace, sans beaucoup de relief, mais l’auteure réussit à nous décrire de façon pertinente ce qui peut bien se passer dans la tête de son héroïne, sa confusion, ses doutes, ses freins.

    Alors que vous dire pour résumer tout cela ? Je ne sais pas vous expliquer pourquoi cette histoire a fonctionné sur moi, mais elle a fonctionné, malgré ses défauts, ses à peu près, tous ces éléments qui auraient dû m’horripiler et me faire fuir. Peut-être tout simplement l’ai-je lu au bon moment, qu’elle correspondait à mon besoin  à ce moment là ? 

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  • Le cycle clandestin livre 1 : Citoyens clandestins    de DOA (Éditions Folio policier) ; 703 pages

    Noir, complexe, bien écrit mais bien trop macho

    Merci aux Éditions Folio policier et à Livraddict de m’avoir permis de lire ce roman.

    Avec ce roman nous nous retrouvons en 2001 et 2002, durant les mois qui précèdent et qui suivent le 11 septembre 2001.  Nous plongeons au cœur d’une guerre clandestine et sale, celle qui oppose les services secrets français à des terroristes islamistes en pleine préparation d’un  un attentat d’envergure. Une guerre silencieuse dont les combattants s’épient, s’observent, se côtoient, se mentent, s’entretuent parfois.

    On assiste aussi à un affrontement larvé entre les différentes composantes des services français : armée, police, ministère de l’Intérieur, chacun y va de ses barbouzes, de ses spécialistes des filatures, de son infiltration, quitte à ce que tout ce joyeux petit monde se marche sur les pieds, se court-circuite et se mette en danger mutuellement.

    Le récit est froid, clinique, extrêmement précis, et semble particulièrement bien documenté. Très peu d’affect et de sentiments dans ces 700 pages, mais des prises de décision, des faits, des actes, des plus anodins au plus violents. Aucun jugement non plus, et ce même quand il est question de torture, de manipulation, de traitrise ; juste une description du quotidien si particulier de ces hommes de l’ombre.

    DOA nous fait entrer dans leur tête et dans leurs vies, des vies de clandestins pour certains, toujours sur la brèche, sur le fil du rasoir, et qui parfois sont au bord de la schizophrénie. Comment concilier en effet normalité et duperie, signes extérieurs de croyance et  athéisme profond, vie normale et boulot de tueur ? C’est d’ailleurs tellement bien décrit que par moment je me suis même demandée si j’avais bien compris qui était qui, chacun des clandestins ayant un vrai nom, un nom officiel et un pseudo, que l’auteur alterne, entremêle et mentionne  en fonction des situations.

    Une chose, une seule, mais de taille, m’a empêchée d’adhérer  à ce roman qui aurait pu être  par ailleurs excellent : la place accordée aux femmes dans ce roman. Un seul personnage féminin important, une jeune journaliste débutante, qui,  la pauvre, va représenter ce qu’on peut imaginer de pire en terme de poncifs ! Car tout y est :   la stagiaire ignorante, la bêtasse qui commet bourde sur bourde, le « plan c..l », la paumée qui ne sait pas choisir entre vie privée et professionnelle, la midinette qui tombe raide dingue du mec qu’il ne faut pas. Franchement, DOA, je ne vous connais pas, mais un peu de subtilité n’aurait pas nui pour rendre ce personnage tout aussi intéressant que les personnages masculins. A la fin du roman je n’en pouvais plus de cette pauvre fille perdue au milieu de cette histoire, et j’en suis venue à me demander si l’auteur était conscient du fait que parmi ses lecteurs il pouvait y avoir des lectrices. Car oui il existe des lectrices qui apprécient ce genre, et qui pour le coup se sentent quelque peu oubliées, voire pire !

    Quel dommage donc car tout le reste est intéressant, maitrisé, agréable à lire, avec une histoire réaliste et d’actualité, qui vous embarque sans peine. Je ne pense donc pas m’arrêter là et voir si dans ses romans récents, DOA a su faire évoluer ses personnages féminins.

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