• Silo   de Hugh Howey (Éditions Actes Sud) ; 560 pages

    Un grand coup de cœur !

    Enfin ! Mes précédents lectures avaient été pour partie décevantes, pour partie sympas mais sans plus, pour partie de belles (voire de très belles) découvertes mais sans vrai gros coup de cœur.

     

    Et le voilà MON coup de cœur,  pour ce roman dont j’avais entendu parler dans plusieurs blogs et communautés de lecteurs.

     

     Un coup de cœur car il regroupe tout ce que j’aime : le genre, le thème, l’histoire, les personnages, l’ambiance.

     

    Le Genre ? La science fiction, bien sûr ! Avec un récit qui se situe dans un futur non daté, post apocalyptique. Une dystopie donc (encore ? pourraient dire certains) !  Oui, mais une dystopie riche, adulte, mature, créative même si pas forcément hyper innovante.

     

    L’histoire ?  Celle d’une communauté restreinte, réfugiée dans un immense silo  qui lui sert d’abri, et la protège d’un extérieur devenu mortel. Une communauté dont le fonctionnement repose sur un pacte, qui définit les droits et les devoirs de chacun, et sur une structure sociale « démocratique » mais très hiérarchisée : en haut du silo les dirigeants, et au plus bas du silo les mécanos, avec bien sûr des niveaux intermédiaires. La communauté est dirigée par un maire, élu par la population, et un shérif nommé par le maire, tous deux étant notamment chargés de faire respecter ce pacte. La sanction suprême en cas de désobéissance : devoir effectuer un « nettoyage », c’est-à-dire sortir du silo et aller dépoussiérer les caméras et les rares « fenêtres » offrant un peu de visibilité sur l’extérieur.  Une sortie sans retour bien sûr … Le récit commence avec la mort du sheriff et le choix nécessaire d’un remplaçant,  choix que le maire va porter sur une personne totalement inattendue … Un récit prenant de la première à la dernière ligne, et qu’il est impossible d’abandonner tant que l’on n’est pas arrivé à son terme !

     

    Le thème ? La survie, et tout ce que l’on peut être amené à faire pour y parvenir. Celle de la communauté tout d’abord, avec une description des différents moyens et méthodes utilisés pour produire de l’électricité, essentielle au bon fonctionnement du silo. Pour produire de la nourriture bien sûr, et notamment des fruits et légumes dans un lieu sans vraie lumière naturelle.  Pour limiter l’accroissement de la population aussi car le silo est un lieu fermé et quasiment non extensible. La survie des personnages principaux ensuite, et notamment celle de Juliette confrontée à plus d’une situation difficile et qui met tout en œuvre pour trouver des solutions, avancer jour après jour.

     

    Les personnages ? Tous complexes, avec de fortes personnalités et des convictions qui les portent. Juliette, le personnage principal,  jeune femme volontaire, pragmatique, imaginative, qui met son intelligence au service de la communauté et n’hésite pas  à remettre régulièrement en cause façons de faire, de penser, et bien sûr certains des préceptes du pacte. Bernard, celui qui défend le pacte,  le statu quo, le formalisme, dont on finit petit à petit par mieux comprendre le comportement et les actes, car lui aussi est persuadé d’œuvrer pour la protection de la population. Lukas, celui qui hésite en permanence entre conformisme et rupture, et donc entre Bernard et Juliette. Bien d’autres, plus secondaires mais néanmoins attachants et importants, comme par exemple Walter, le « géo trouve tout » du silo, toujours à recycler, bricoler, réparer.

     

    L’ambiance ? Celle d’un enfermement permanent. Enfermement dans le silo ; enfermement dans certaines pièces ; enfermement dans un « scaphandre »  obligatoire mais qui ne protège que temporairement de l’extérieur. Cet enfermement est décrit à la perfection par l’auteur et j’ai plusieurs fois eu la sensation d’être moi-même à l’intérieur du silo, et surtout à l’intérieur  de ce scaphandre, à devoir avancer en gérant l’urgence de la situation et en supportant cet attirail quasiment impossible à retirer seul. C’est une profonde impression d’étouffement, à la limite de la claustrophobie parfois, que Hugh Howey réussit à faire vivre. Sa maitrise du rythme du récit permet aussi d’embarquer le lecteur : lent quand on suit montées ou descentes dans les escaliers, pour que cela paraisse sans fin et traduise la fatigue des personnages ; rapide et saccadé quand la violence se déchaine brutalement, en surprenant tout le monde.

     

    Je m’arrête là, vous l’avez compris : je vous recommande chaudement ce roman et je vais ajouter dans ma liste des « à lire » les tomes 2 et 3, que j’espère pouvoir récupérer rapidement.

     

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  • Le nexus du Docteur Erdmann  de Nancy Kress (Editions le Belial’) ; 160 pages

    160 courtes mais belles pages …

    Tout d’abord je tiens à remercier babelio  et les éditions le Belial'  qui m’ont permis de découvrir ce roman court et plus généralement la collection « une heure lumière ».

    Ici il est question de personnes âgées, vivant dans une maison de retraite aux Etats-Unis, dont le fameux docteur Erdman, physicien de renom, qui, malgré ses 90 ans, continue à assurer ses cours à l’université.  Un docteur qui se rend compte que  non seulement il n’est pas le seul  pensionnaire à connaitre des malaises plus ou moins douloureux depuis quelques jours, mais que plusieurs autres pensionnaires vivent les mêmes malaises au même moment… Situation qui attise sa curiosité et le pousse à essayer de comprendre…

    Il y a un peu de Cocoon (vous vous rappelez ce film des années 80 ?)  dans ce roman. On y suit avec un certain plaisir une bande de vieillards plutôt vifs d’esprit, leurs relations, leurs petits et gros défauts (curiosité, orgueil, égocentrisme, …), leur appétit de vivre .On y lit aussi leurs peurs et leurs craintes : déclin physique, perte d’autonomie, sentiment d’abandon par des enfants parfois peu présents. Des sentiments très humains donc, que l’auteur sait décrire (ou suggérer) avec des mots justes et un style très agréable à lire. Je me suis surprise à sourire par moment et à commencer à associer des acteurs à certains, en imaginant leurs échanges, leurs mimiques. Chez moi cela démontre que les descriptions sont réussies et que  livre a réussi à m’embarquer !  Par comparaison les autres personnages (personnel soignant, policiers,…) paraissent bien mous, bien fades, et disons le pas forcément très futés, même s’ils sont plein de bonne volonté.  Comme si Nancy Kress avait voulu inverser les rôles et nous faire passer un message : l’ouverture d’esprit, la volonté d’aller de l’avant et l’énergie ne sont pas l’apanage de la jeunesse, arrêtons donc de réduire nos ainés à leur âge, de les considérer comme inutiles et de les infantiliser.

    Le côté science fiction est lui plus mince, et aurait à mon gout, nécessité d’être accentué et développé. Certes nous sommes dans un roman fantastique, comme nous le rappelle la présence en  filigrane de cet étrange vaisseau. Le peu de détails laisse lui  la part belle à l’imagination du lecteur, ce qui est une autre force du roman. Mais il me manque  tout de même des explications complémentaires pour mieux comprendre là où l’auteur voulait nous amener, et pour totalement en apprécier les tenants et aboutissants. En refermant le livre j’ai finalement ressenti un certain gout de « pas assez » ou d’inachevé. Un sentiment certainement dû au petit nombre de pages, qui me pose souvent difficulté. A croire que je ne suis définitivement pas adepte du format « roman court » !

    A noter aussi un aspect que je ne cite quasiment jamais : la qualité graphique de la couverture, que je trouve extrêmement belle. C’est une chose à laquelle je suis assez peu sensible (j’ai appris à me méfier des couv’ trop alléchantes !) mais là je ne peux que saluer la recherche esthétique, bravo donc à la maison d’édition et à l’illustrateur qui font de ce livre un bel objet !

     

    PS: avant de découvrir ce livre, je ne savais pas précisément ce que voulait dire le mot « nexus », je suis donc allée fouiller sur le net, et je vous donne la définition que j'ai trouvée : « une connexion, généralement là où de multiples éléments se rencontrent » (c’était notre instant « développons notre culture générale").

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  • Bonjour

    J'ai participé dernièrement à un échange /swap , organisé sur Livraddict (merci à notre organisatrice !) , dont le but étant d'envoyer et de recevoir dans un format enveloppe :

    - un livre parmi une liste de 10 à 20 proposés, en priorité des poches (vous l'imaginez bien je n'ai eu aucun mal à proposer 20 titres ...)

    -  un marque page

    -  une "surprise" se rapportant au livre, au sens large : son thème, ses personnages, la couleur de la couverture, son auteur, etc ...

    Cet échange me plaisait car son règlement était simple, on était sûr de faire plaisir en choisissant parmi des titres attendus et il y avait en plus l'effet de surprise... de la surprise

    Et voici ce que j'ai reçu de la part de parlonslittérature  :

    Comme vous le voyez, cette "enveloppe" (bien dodue!!!) a voyagé car elle vient des Caraïbes (vous savez : soleil, plages, fruits exotiques et ... rhum !) 

    cet échange là a du peps !

    Et dedans il y avait ceci

    cet échange là a du peps !

     

    Vous allez me dire, c'est bien beau ces petits paquets, mais que contiennent-ils ?

    Eh bien voilà ...

    1 Ce livre de Nele Neuhaus, auteur des éditions Actes Sud/Babel Noir que j'aime beaucoup (et ça tombe bien : je viens de terminer son dernier roman -chronique à venir- et d'acheter son tout 1er en occasion sur le marché du livre de Montpel'; bon je sais je ne fais pas les choses dans l'ordre mais pas grave, ce sont des policiers qui ne se suivent pas forcément même si les personnages récurrents évoluent)

    cet échange là a du peps !

    2 Ces 2 surprises sur le thème de Blanche neige : des post it en forme de ... quartier de pomme  (franchement il fallait trouver !!! bravo !)  , et ce collier tout mimi et totalement dans le thème ET les couleurs de la couverture du livre ...

    cet échange là a du peps !

    cet échange là a du peps !

    3 Cet étonnant marque page avec des consignes simples et précises : le déposer dans un livre, et attendre, attendre, attendre, une surprise qui arrivera, plus tard ... je suis curieuse, donc je vais attendre attendre attendre (bon sang, combien de temps, hein, combien ?)

    cet échange là a du peps !

     

    4 Ces cartes postales qui font rêver ( les fruits exotiques et ...le rhum he)

    cet échange là a du peps !

     

    Vous l'avez compris, j'ai été bien gâtée ... maintenant je vais devoir surveiller de près mes post it (trop bien , dixit mes zèbres ... halte là, pas toucher !!) , et aussi attendre, attendre attendre avant de voir mon marque page totalement unique ...évoluer ( vous l'avez compris, ce marque page m'étonne et me questionne !)

    Parlonslitterature, j'adore tes choix, un très grand merci !!!

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  • Les impliqués   de Zygmunt Miloszewski (Editions Mirobole) ; 448 pages

    Une très belle découverte

    Une très belle découverte

    Ma médiathèque met régulièrement en avant des maisons d’édition peu connues ou peu médiatisées ; c’est de cette façon que je suis tombée (ouille !) complètement par hasard sur ce livre, et voyant qu’il s’agissait d’un policier, je l’ai immédiatement emprunté : un policier polonais, rien de tel pour me changer  des habituels polars anglo saxons…

    Et figurez vous que j’ai vraiment bien fait de céder à ma curiosité (qui n’est pas du tout un vilain défaut, surtout en matière de lecture), car ce roman est une vraie belle découverte !

    Le sujet est classique : un meurtre ! Mais le reste ne l’est pas du tout … Déjà, avouez que se faire énucléer jusqu’au cerveau par une broche à rôtir n’a rien de commun. Ensuite que cela se passe durant un weekend de  thérapie dite de « constellation familiale » n’est pas non plus ce qu’il y a de plus habituel (si vous voulez savoir précisément en quoi consiste ce type de thérapie, lisez ce roman, ou bien faites quelques recherches sur le net). Et que tout ceci se déroule en plein cœur de Varsovie ajoute à la nouveauté.

    Le récit nous permet à la fois de suivre le déroulé de l’enquête, qui en Pologne est menée principalement par un procureur, avec l’aide (ou pas) de policiers, et découvrir le fonctionnement social du pays. Certes certains clins d’œil ironiques à l’univers politique local nous échappent plus ou moins (plutôt plus que moins me concernant, mes connaissances sur la Pologne se résumant à …pas grand-chose en fait), mais cela ne nuit pas du tout à l’intrigue. On ne peut par contre pas passer à côté de la critique de la société polonaise. Critique qui s’exprime par un humour noir que j’ai particulièrement  apprécié (notamment les pages qui portent sur le traitement par la justice des femmes qui tuent leurs maris après des années de maltraitance).

    Cet humour noir, cette ironie, l’auteur les manie avec efficacité pour mettre en avant le malaise et le mal-être de son personnage principal, un procureur encore jeune, mais déjà désabusé et englué dans l’ennui et la monotonie. Un procureur dont on ne sait pas trop en fait s’il aime encore son métier, tellement il semble mettre de distance avec les activités qui font son quotidien. Un procureur dont on ne sait pas non plus s’il aime encore sa femme, ou si là aussi l’ennui l’a emporté, au point de le pousser à aller « regarder ailleurs «  (regarder, et plus si affinités…).

    Une fois passé le petit temps (très court)  d’adaptation   aux noms des différents acteurs de l’histoire, on se laisse très vite embarquer dans ce roman bourré de qualités, qui surprend, faire sourire,  et maintient le doute jusqu’au bout sur le meurtrier et ses motivations.

    Je vous le recommande donc et je m’en vais lire d’ici peu la suite des aventures du procureur Théodore Szacki, avec autant de plaisir je l’espère !

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  • Ils savent tout de vous   de Iain Levison (Éditions Liana Levi) ; 240 pages

    Vous pourriez le faire un p’tit peu plus long ?

    Vous pourriez le faire un p’tit peu plus long ?

    De Iain Levison j’avais lu l’excellent Arrêtez moi là il y a plusieurs années. J’avais donc une opinion très positive de l’auteur et c’est avec un plaisir a priori que  j’ai commencé la lecture de ce roman.

    Son thème ? La capacité de lire dans l’esprit des autres et ce que l’on pourrait en faire. Ici plus précisément ce que pourraient en faire un flic, un prisonnier et une agence gouvernementale. Comme par exemple résoudre un maximum d’enquêtes policières en un temps record, ou bien espionner un certain nombre (un nombre certain ?) de personnes, ou bien encore …prendre correctement soin d’un chat (je vous laisse découvrir cette scène !)

    Vous l’aurez compris on retrouve dans ce livre le mordant et l’ironie de Iain Levison, par petites touches efficaces, quand on s’y attend peu, et qui font sourire et hocher la tête  en se disant « bon sang il a osé ».

    On suit avec intérêt les tâtonnements de Snowe,  le flic, qui au début ne comprend absolument pas ce qui lui arrive, et qui apprend peu à peu à apprivoiser son don, et à l’utiliser à bon escient. Et admettez que pour un flic, il peut être très utile de démêler rapidement le vrai du faux dans ce que vous racontent vos témoins et suspects, cela permet au moins d’éviter certaines erreurs et bavures (clin d’œil appuyé à Arrêtez moi là ?).

    On se demande assez vite comment va se passer la rencontre avec Brooks Denny le taulard tueur de flic (oups …), car oui il ne peut qu’y avoir rencontre de ces 2 là, mais avec quoi ?  Incompréhension,  indifférence, haine ou coup de foudre entre télépathes qui n’ont pas besoin de parler pour se comprendre ?

    On essaie aussi d’imaginer comment l’agence gouvernementale qui recherche et identifie ces télépathes va gérer cette rencontre et va l’utiliser.

    Les 150/200 premières pages fonctionnent donc plutôt bien. Et puis d’un coup, on se rend compte qu’on arrive quasiment au terme du roman et qu’il manque tout de même pas mal de choses : plus d’explications, plus d’échanges entre les personnages, plus de recherche et de développement dans l’histoire tout simplement. Car disons-le, on reste tout de même largement sur sa faim, en tout cas, moi je suis restée sur ma faim, avec un très grand sentiment d’inachevé, de « pas assez » (vous savez, comme dans la fameuse pub sur ces gâteaux chocolatés « dites monsieur Cadbury, vous n’auriez pas pu les faire un p’tit peu plus longs»…). Le thème est excellent, les personnages intéressants, le sujet prenant et ils auraient largement  mérité une centaine de pages de plus, au moins, afin d’enrichir le récit.

    Bref, un roman qui aurait vraiment pu être bon s’il avait proposé plus que ces 240 pages bien frustrantes…

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