• Un coup de poing !

    Les putes voilées n’iront jamais au paradis, de Chahdortt Djavann (éditions le Livre de Poche), 216 pages

     

    Ma note : 4/5    yes

    Ambiance du livre  aww

    Pour : public un peu averti (vocabulaire crû, scènes violentes)

     

     

    Dès le titre on sait que dans ce court roman les mots de seront ni mâchés, ni édulcorés, et que l’auteure ne sera ni politiquement correcte, ni diplomatiquement policée.

    Et effectivement, très très vite, on se retrouve enseveli  sous la violence des mots et des actes, la brutalité des termes et des coups. De la première à la dernière page il n’est question que de cela : au mieux indifférence et irrespect, au pire, haine, mépris, viols, moqueries, meurtres. Chahdortt Djavann nous emmène en Iran, un Iran  rétrograde, sale et kafkaïen, qui maltraite ses filles et ses femmes en faisant d’elles des sous-citoyennes de peu de valeurs.

    Car derrière la vie de ces prostituées payées, huées et assassinées, c’est bien de l’image de la femme dont il est réellement question dans ce livre.  Vues des Iraniens (notamment des mollahs, ces religieux qui régentent tout et tout le monde, mais pas que), une femme n’est rien, ou pas grand-chose.

    Ou plutôt si… Ce sont des possessions (comme un tapis, un vase ou un paquet de cigarette), vendables et échangeables, jusqu’à ce qu’on ne puisse faire qu’une seule chose : les jeter (au sens propre !)  Car trop souvent  « utilisées ». Le père possède la fille, le mari possède la femme, le proxénète la prostituée et l’État le droit de vie et surtout de mort …

    Dans ce pays, être belle est un malheur car la beauté, même cachée sous un voile, finit par se repérer, et alors on peut vite être vendue par un père qui veut éloigner tout risque de déshonneur  (attirer le regard des hommes est une honte dont une gamine de 9 ans, 10 ans, 12 ans, est forcément la seule responsable), tout en espérant une bonne rétribution. Etre laide, ou jusque quelconque,  est aussi un terrible malheur, car alors (même voilée) aucun homme ne veut vraiment de vous et pour survivre,  le seul  choix qui reste, c’est la prostitution.

     Dans ce pays tel que décrit par l’auteure, le  rapport au sexe -et avant cela la vision des relations  entre hommes et femmes- posent de terribles questions. La notion de viol n’existe pas, celle de pédophilie semble floue (marier une fillette de 10 ans semble anodin), quant à parler de plaisir…

    Une question se pose toutefois à la lecture : tous les Iraniens sont-ils des monstres ? Toutes les Iraniennes des victimes ? Car dans ce roman, tous les hommes sans exception sont décrits comme frustres et frustrés, les femmes « bien » (comprenez celles qui se taisent et courbent le dos) comme aigries et jalouses ; quant aux mollahs, ils profitent du système en leur faveur, en faisant preuve d’une hypocrisie sans nom. Mais est-vraiment le cas ? Ou bien un trait forcé pour nous permettre de comprendre une réalité qui nous semble à nous, occidentaux, impossible et impensable ?

    Quelle que soit la réponse, le roman est un coup de poing et un hurlement adressé à ceux qui le lisent, un roman à lire d’urgence si vous avez le cœur bien accroché, et à fuir si vous craignez le langage crû et la description d’actes parfois très violents.

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