• Les affinités de Robert Charles Wilson (Editions Denoel) ; 336 pages

    Vous avez dit réseau social….

    (Lecture numérique)

    Dans ce roman étiqueté « Science Fiction » car il se déroule dans un futur proche, il est question des réseaux sociaux tels qu’ils pourraient devenir, avec leur conséquences sur les structures sociales et familiales. L’auteur imagine la possibilité pour les humains de se rassembler par affinités (d’où le titre), suite à un test (payant), qui établit si vous faites partie d’une Affinités (il en existe 22) ou pas, et si oui, laquelle. Ces affinités sont sensées permettre à des personnes partageant les mêmes visions du monde de se rencontrer et de nouer des liens. Adam, étudiant en graphisme un peu perdu fait le choix de passer le test malgré son scepticisme, apprend qu’il est un « tau » et découvre petit à petit l’intérêt et le plaisir d’appartenir à cette affinité, une des plus importantes. Mais  bien sûr, rien n’est aussi simple qu’il parait.

    Le parti pris de Robert Wilson est intéressant car il pousse la logique des réseaux sociaux jusqu’à une extrême parfaitement plausible. Car après tout que sont déjà les groupes Facebook et les multitudes de communautés et forum existantes sur le net, si ce n’est que le regroupement de personnes autour d’un point commun, d’une passion commune (et je pourrais en parler, faisant partie de plusieurs groupes FB et communautés de lecteurs avec lesquels j’échange régulièrement sur tout et rien, jusqu’à rencontrer « dans le réel « certains d’entre eux et nouer des liens pas seulement virtuels !) ? Et plutôt que de nous parler technique et psychologie (qui sont la base du test), il préfère mettre en avant les aspects humains et  relationnels : relations entre membres d’une même affinité ; relation entre membres d’affinités différentes ; relation avec ceux qui ne font partie d’aucune affinité.

    Il cherche aussi à montrer les transformations sociologiques qu’amènent ces nouvelles formes de liens, notamment leur impact sur les structures familiales : à quoi bon conserver des liens familiaux parfois compliqués, voire conflictuels, quand au sein d’une affinité on partage les mêmes gouts, les mêmes réflexes, la même façon de voir le monde et d’y réagir, et tout cela sans avoir besoin de vraiment expliquer quoi que cela, puisque cette unité  coule de source !

    Mais au-delà des transformations, il démontre  que malgré tout certaines choses ne n’évoluent  pas, et semblent inhérentes aux humains, quelle que soit au fond leur forme d’organisation sociale. Quête du pouvoir, sentiment de supériorité et surtout ségrégation,  des éléments qui arrivent progressivement durant le récit jusqu’à s’imposer parfois.  Apparait alors la violence (sous toutes ses formes, physiques et mentale), à laquelle  Adam va finir par être confronté, et qui va l’obliger à faire des choix.

    C’est ce dernier aspect que j’ai trouvé le plus intéressant, comment d’une idée de base assez humaniste finalement (vous aider à trouver ceux avec lesquels vous vous sentirez le mieux), on en arrive à une situation de rejet de l’autre.  Guère optimiste tout de même …

    Concernant le récit dans sa globalité, il se lit avec plaisir même s’il manque par moment de rythme, et je suis un peu restée sur ma faim par rapport à certains sujets qui auraient mérité plus de développement, notamment ce que deviennent les « sans affinités ». Bref,  un roman qui, à mon goût, aurait certainement mérité quelques pages de plus pour être totalement abouti, mais ce n’est que mon avis !

    Pin It

    votre commentaire