• Homo drogus    de Roland Gori et Hélène Fresnel ; Éditions Harpercollins, 100 pages

    Intéressant mais bien trop court, trop généraliste, trop « fourre-tout » !

     

    Mon avis après lecture : 3/5

    Ambiance : oh  frown

    Tout d’abord merci à Babelio et aux Éditions Harper Collins qui m’ont offert la possibilité de lire ce manifeste dans lequel les auteurs expriment leur forte inquiétude face à la mise sous médication de plus en plus d’enfants et adolescents en France.

    Roland Gori tire en effet la sonnette d’alarme car les chiffres sont réellement alarmants ; et plus que les chiffres (plus d’un quart d’enfants et d’adolescents sous équivalent psychotropes à un moment ou un autre de leur croissance) ce sont les comportements et visions du sujet par les parents, soignants, entourages et société qu’il veut dénoncer.

    D’après lui l’usage irraisonné de la Ritaline est l’exemple d’une forme d’abandon de responsabilité et surtout d’une volonté de tout normaliser, y compris et surtout des comportements et personnalités jugées comme de plus en plus pathogènes car trop ceci (remuant, turbulent, hors norme) et pas assez cela (« sage », calme, attentif, performant). Il dénonce donc cette démarche, qui lui parait par ailleurs trop en lien avec l’industrie pharmaceutique, quitte à « créer » des maladies pour faire vendre de nouvelles molécules ou nouvelles utilisations d’un médicament.  

      Les chiffres donnés sont effectivement effrayants, de même que la description de certains soignants qui dégainent très et trop vite des ordonnances « miracles » pour enfants agités. Et si on suit les débats autour de la Ritaline et de son utilisation, on peut légitimement se poser des questions sur l’accélération du volume de ventes en France (même si nous sommes heureusement encore loin des données Nord-Américaines).

     Là où j’ai beaucoup plus de mal à suivre les auteurs c’est quand ils mélangent les sujets. En effet, au-delà de cette dénonciation, ils semblent remettre en cause non seulement les notions d’hyperactivité et de trouble de déficit de l’attention, mais aussi tout ce qui concerne les troubles DYS (dyslexie, dysgraphie, dyspraxie, dysphasie, etc). Car autant pour les premières (TDA avec ou sans hyperactivité) le diagnostic se fait en fonction d’un questionnaire donné aux parents et enseignants, avec toute une série d’interrogations sur le comportement perçu de l’enfant concerné –avec ce qui peut être vu comme une subjectivité totale, car ce que certains considéreront comme normal sera potentiellement estimé totalement anormal par d’autres-, autant le diagnostic sur les troubles DYS est établi suite à des tests normalisés, factuels, précis, qui ne donne pas de place à la subjectivité et la sensibilité des professionnels qui les font passer. De plus, les troubles DYS ne se soignent pas à coup de médicaments (ils ne se soignent d’ailleurs pas, en tout cas pas en l’état de la science,  ils se compensent juste…).

    Dès lors, avec ce pèle mêle que j’ai trouvé franchement peu subtil,  les auteurs m’ont perdue en cours de démonstration : en effet que veulent-ils  dénoncer exactement? La volonté de rendre pathologiques le plus possibles de comportements différents pour ensuite  faire vendre un maximum de pilules de « normalisation » ? Dans ce cas, il aurait fallu rester concentré sur ce sujet central !

    Il aurait fallu aussi aller au-delà de ces 100 pages, proposer plus d’analyses, s’appuyer plus largement sur les études scientifiques, sur les débats sur le sujet, repréciser des définitions, expliquer plus. Il aurait aussi fallu étayer en proposant quelques solutions valables, et pas simplement celles qui consistent à remettre en cause le rôle de parents dont le portrait brossé ici est tout de même peu flatteur (parents absents, peu intéressés, et qui cherchent la solution rapide et simple : la pilule « magique » qui transformera leur zébulon en image).

    Bref, au terme de ma lecture je suis frustrée ! Frustrée car il met (avec une certaine justesse pour le coup)  en avant certaines déviances de notre société du rabotage (tous pareils, tous identiques, tous  à la fois performants ET dans la norme) sans aller jusqu’au bout de son propos. Frustrée car il alimente un débat sans proposer de solutions claires. Frustrée car j’ai le sentiment d’avoir lu un texte fourre-tout qui pose des bases, effleure le sujet, mais perd en force par son manque de subtilité, de nuance, de recherche, et avec en plus pour moi un certain nombre de méconnaissances (j’en ai parlé sur les troubles DYS).

    Ce manifeste peut donc être vu et lu comme une première approche du thème, et une alerte qui pousse à se poser des questions,  mais sa seule lecture est pour moi insuffisante pour entrer vraiment dans le débat et se construire un point de vue suffisamment argumenté. En tout cas c’est mon humble avis !   

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  • Cessons d’être des valises,  de Sylvie de la Forest (éditions les Presses Littéraires), 162 pages

    Ma note perso  : 4/5 smile

    Ambiance : smile

    Pour : tout le monde !

     

    Je ne lis quasiment jamais de livres sur le développement personnel. Non pas que le sujet ne m’intéresse pas, mais alors mon réflexe sera plutôt d’aller à la « pêche aux informations » sur le Net, afin de dénicher des articles ou posts de blogs et sites spécialisés dans le domaine, en lien avec une question que je peux me poser.

    Pourquoi ce livre, me direz-vous alors ? Et bien parce que je connais son auteure. Il ne s’agit pas une amie proche (dans ce cas, j’éviterais de publier un avis qui pourrait être considéré comme peu objectif), mais d’une personne que je côtoie plus ou moins régulièrement dans un cadre hors professionnel, et dont j’ai acheté le livre (je le précise, elle ne me l’a pas offert) avec pas mal de curiosité, notamment du fait de son titre …. Des valises ? Mais pourquoi donc des valises ?

    C’est à cette question que Sylvie de la Forest va répondre durant ces 160 et quelques pages.

    En s’appuyant sur des situations privées comme professionnelles que nous avons tous vécus à peu de choses près, elle va proposer petit à petit une méthodologie pour vivre ces moments autrement : moins les subir, au contraire les accepter, voire les retourner à notre avantage.

    En décortiquant  ces moments, des plus simples (aller déposer son enfant à l’école) aux plus engageants (par exemple un premier rendez-vous professionnel très impactant pour le futur), elle analyse les différentes réactions possibles en les passant au tamis de nos émotions, de nos sentiments, de nos pensées. Par cette analyse   elle nous démontre qu’avec un minimum de recul et de travail sur soi, on arrive à voir et  à vivre totalement différemment ces instants de prime abord délicats, en devenant vraiment acteur plutôt que spectateur.

    Attention, elle ne cherche pas à faire de nous des machines à prendre du recul et à tout intellectualiser. Non, pas du tout. Elle cherche à nous mettre face à nos ressentis, face à nos émotions, nos sentiments ; non pas pour les dissimuler, mais pour les comprendre : l’énervement, que nous ressentons est-il justifié ou disproportionné ? Notre agacement, qui en est responsable : notre interlocuteur ou nous-même du fait de la vision déformée que nous avons de lui ? Et une fois que nous avons compris cela, elle nous propose de faire un petit pas de côté pour trouver nous même une autre solution.

    Mon avis, vous l’avez compris, est celui d’une néophyte quant à ce type de lecture, avec ses avantages et ses inconvénients, notamment le fait que je ne pourrai faire aucune comparaison, n’ayant que peu de connaissances auxquelles me référer.

    Je peux toutefois vous dire que j’ai apprécié de nombreux aspects de ce livre : la précision des mots ;  le vocabulaire simple, juste, pertinent ; l’efficacité et la cohérence de la démonstration ; les exemples variés dans lesquels tout le monde peut se retrouver. J’ai passé un excellent moment de lecture, souriant souvent sur certaines des situations choisies pour étayer le propos  (qui m’ont particulièrement « parlé » pour les avoir vécues), m’interrogeant aussi sur d’autres, que j’aurais pu vivre plutôt que les subir  si j’avais eu ce petit temps de recul et une façon différente de les appréhender.

    Bref, vous l’avez compris, je vous recommande cette lecture !

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  • Lettre au dernier grand pingouin  de  Jean Luc Porquet  (Éditions Gallimard) ; 224 pages

    Quand l’écologie est drôle, érudite ET abordable

    En trainant dans les rayons de la médiathèque,  je suis tombée sur ce petit livre qui m’a attirée par sa couverture (que je trouve très belle) et par son titre assez décalé, et c’est donc par pure curiosité que je l’ai emprunté, en ne jetant qu’un rapide coup d’œil au 4eme de couv’ (c’est suffisamment rare me concernant pour que je le dise : je m’attache assez peu à ces éléments d’habitude) .

    Ici l’auteur s’adresse directement au dernier grand pingouin, animal massacré jusqu’à son extinction définitive dans la seconde moitié du 19eme siècle. Il le prend  à partie, l’interroge, le plaint, le secoue, et tente en 200 et quelques pages de lui expliquer notre monde qui part à vau l’eau.

    Nous sommes donc dans un livre profondément écologiste, qui revient sur la destruction de faune et flore, sur la disparition de plus en plus rapide de centaines d’espèces animales. L’histoire du grand pingouin sert en fait de prétexte à un véritable plaidoyer pour notre planète et pour les animaux qui la peuplent de moins en moins. Mais un plaidoyer à la fois drôle, touchant, cynique, révolté, qui ne se prend jamais véritablement au sérieux tout en nous parlant de sujets extrêmement graves et qui ne pourront qu’avoir un impact négatif sur nous, les hommes. Les hommes dont il se moque par moment aussi, qui ne parviennent pas à protéger et défendre correctement ni les abeilles ni les éléphants, mais veulent  faire renaitre qui le tigre à dent de sabre, qui le mammouth, qui (carrément) un dinosaure, allez savoir pourquoi si ce n’est le plaisir égoïste de dire  « regardez, c’est moi qui l’ai fait »…

    Un livre qui est aussi et en même temps d’une grande érudition et d’une facilité d’accès qu’on ne peut que saluer, qui sait vous apprendre des choses tout en vous divertissant, qui vous alerte sans misérabilisme, qui est précis sans vous assommer sous les chiffres.

    Moi qui suis particulièrement intéressée par le sujet et pensais connaitre pas mal de choses j’ai encore appris, tout en souriant, sans avoir besoin de me référer à internet pour comprendre certains termes. J’ai dévoré cette longue lettre en quelques heures à peine et vous en recommande vivement la lecture, que vous soyez néophyte sur le thème de l’écologie et du développement durable ou plutôt bien renseigné déjà.

    Jetez vous donc sur cet inclassable, qui est à lire d’urgence !  

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  • Sous le drapeau noir (enquête sur DAESH) de Joby Warrick (Editions du Cherche Midi) ; 440 pages

    Un essai dense et riche

    Merci à Babelio et aux éditions du Cherche Midi de m’avoir offert l’opportunité de découvrir cet essai.

    En 440 pages Joby Warrick nous propose une plongée dans l’histoire très  récente d’une partie du Moyen Orient, qui a vu la naissance et la montée en puissance d’un mouvement islamiste ultra radical autoproclamé État. Sur 25 années environ, il nous dresse le portrait des leaders de ce mouvement, et de ceux qui ont voulu le combattre sur le terrain.

    Il nous explique que c’est la conjonction de l’opportunisme de certains, du manque de vision à long terme d’autres,  de l’impuissance de quelques uns à se faire entendre , et de l’incompétence de pas mal d’intervenants, qui a mené à la situation que nous connaissons depuis quelques années en Irak et en Syrie.  L’administration Bush, notamment,  est pointée du doigt, pour sa morgue, son autoritarisme, son arrogance, et une méconnaissance totale du fonctionnement de ces pays.

    Cet essai particulièrement bien documenté nous présente  quelques uns des principaux protagonistes :  Al Zarkaoui,  un  petit délinquant Jordanien à moitié illettré devenu le dirigeant ultra violent d’Al Quaida  en Irak ;  Al Baghdadi , son successeur, un Irakien dévot et tout aussi violent ; le roi Abdallah de Jordanie, qui tente de préserver son pays de l’embrasement ; des militaires et diplomates américains, compétents et connaisseurs de la région, qui essaient de se faire entendre auprès de leur gouvernements, en vain le plus souvent.  Il ébauche aussi le portrait d’un Bachar el Hassad, prêt à tout pour conserver le pouvoir en Syrie.

    Surtout, en nous traçant de façon particulièrement détaillée certains parcours,  Joby Warrick nous laisse à penser que finalement tout ceci est  avant tout dû à une chose, et une seule : une inculture crasse (pour ne pas dire totale). Inculture qui pousse le clan Bush à croire (ou faire semblant de croire ?) qu’on peut exporter et imposer en quelques semaines les mode de pensée, d’interactions sociales et d’organisations familiales et sociétales de l’Occident à des pays qui fonctionnent encore beaucoup en modes tribaux. Inculture de ces « paumés » déséquilibrés (qu’ils soient Irakiens, Syriens, Jordaniens, ou Européens !), qui voient dans leur vision totalement dévoyée de la religion musulmane au choix un moyen facile de justifier leurs déviances, d’expliquer et d’excuser leur folie, et pour les moins atteints (quoique !) de disposer d’une sorte de refuge répondant à un besoin d’appartenance à un groupe.  Le choc de ces 2 incultures a généré une réaction en chaine et crée un monstre : DAESH.  

    Particulièrement riche et détaillé, ce livre est nécessaire pour comprendre l’actualité,  et devrait être lu par tous ceux qui veulent vraiment comprendre. Je lui trouve toutefois 2 défauts : il est très (trop) « américano centré » (ne faisant quasiment jamais référence aux nations européennes ni à la Turquie) et il manque peut-être d’un peu plus de recul historique pour mieux appréhender le sujet dans sa globalité.

    Je vous le recommande donc chaudement, mais vous suggère de lire aussi « Le piège DAESH » de Pierre Jean Luizard, autre essai sur le sujet et qui le présente avec une vraie vision historique (sur une centaine d’année)  

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  • Je voulais juste vivre  de Yeonmi Park (Editions Kero) ; 304 pages

     

    1984 en vrai …

    Tout d’abord je tiens à remercier le site lecteurs.com qui m’a offert ce livre.

    Yeonmi Park a 22 ans mais à lire son histoire, on se dit qu’en 22 ans elle a déjà vécu 20 vies, vu le pire, subi le pire, et que malgré tout ça elle nous donne une incroyable leçon d’optimisme et de volonté.

    Ayant lu des romans et articles, et vu des documentaires sur la Corée du Nord, je pensais connaître au moins un peu ce pays et ce qu’il s’y passait, mais ce livre m’a démontré que je n’avais fait que survoler le sujet de très loin et n’avais pas vraiment compris ce que vivaient ses habitants. Car au-delà de ce que l’on sait sur les famines, les camps de travail, les arrestations arbitraires, le manque de tout, la peur quotidienne, on découvre l’impensable : le 1984 de Orwell existe bel et bien …

    La Corée du Nord est un pays dans lequel vous pouvez être puni sur des générations au nom d’un « crime » commis par votre grand-père  (ce crime étant la plupart du temps imaginaire par ailleurs). La Corée du Nord est un pays dont le vocabulaire s’appauvrit avec des mots qui disparaissent (alors qu’on sait que la plupart des langues asiatiques sont riches et complexes). La Corée du Nord est un pays dans lequel votre téléviseur (quand vous en avez un) est forcément branché et allumé quand ses dirigeants s’expriment, et attention à qui ne regarde pas, car vous pouvez être questionné n’importe où n’importe quand sur ce que le grand leader a dit. La Corée du Nord est un pays dans lequel vous n’avez le droit d’aimer que les membres de la famille des Kim, et où le mot « amour » lui-même tend à disparaitre. La Corée du Nord est un pays…

    Pour bien comprendre les conséquences de tout ceci, il faut s’attarder sur certains passages du livre, qui font sourire et vous glacent en même temps : par exemple , quand aidée par de pasteurs Chinois ou Sud Coréens Yeonmi découvre le concept de Dieu sans le comprendre, jusqu’à ce qu’elle se rende compte que  pour « bien » prier il fallait en fait remplacer dans ses pensées le nom de Kim Il Sung par celui de Dieu, et qu’alors elle est devenue très forte en prière.

    Cette autobiographie est un voyage dans l’absurde, dans l’impensable, dans l’inimaginable pour nous qui vivons dans des démocraties libres, gueulardes et revendicatrices, qui surconsomment et jettent trop.

    Mais c’est aussi une autobiographie pleine d’optimisme, et mes moments préférés portent sur cette période en Corée du Sud durant laquelle Yeonmi commence à s’exprimer réellement sur ses sentiments, sur ce qu’elle ressent plus que sur ce qu’elle vit : quand elle se découvre capable d’apprendre et de progresser, capable de s’exprimer et d’être entendue, capable de convaincre. Ces quelques pages sont les plus belles car elles nous font vraiment ressentir qu’enfin cette jeune femme se libère et comprend qu’elle peut avancer et vivre sa vie, celle qu’elle a choisi, tout simplement.

    Bref,  si vous souhaitez en savoir plus sur la Corée du Nord, lisez ce livre … si vous souhaitez en savoir plus sur la réinsertion des réfugiés nord coréens en Corée du Sud, lisez ce livre ….si vous souhaitez recevoir une vraie leçon de vie, lisez ce livre …

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