• Tuez qui vous voulez  de Olivier Barde Cabuçon (Editions Actes Sud) ; 384 pages

    Avec ce roman c’est dans le Paris de Louis XV que nous entrons, à la veille de Noel 1759, pour suivre le commissaire aux morts étranges dans l’enquête sur la mort de 3 personnes.

    C’est le 3eme de la série et  le 1er que je lis (je sais je ne commence pas par le commencement, mais bon j’ai fait en fonction des disponibilités à ma médiathèque) et j’ai beaucoup apprécié de faire enfin connaissance avec ce personnage,  que j’ai trouvé étonnant, de part son mélange d’ancrage dans son époque et de modernisme. Un modernisme qui lui permet d’aborder autrement les missions qui lui sont confiées, de sortir des méthodes habituelles de la police du XVIIIème siècle (qui se résument souvent à arrestation arbitraire, obtention d’aveux, exécution ou emprisonnement) pour identifier les vrais coupables. Un ancrage qui lui permet de naviguer dans les méandres politiques sans trop de difficultés.

    Le récit  est intéressant, rythmé, cohérent et permet de rencontrer  l’étrange chevalier d’Eon, aventurier mystérieux et arrogant, qui se dit espion du roi. Un chevalier que le commissaire apprécie peu et auquel il va se confronter régulièrement. Il permet aussi de mieux comprendre la vision des femmes par la société de l’époque : des ingénues, de douces idiotes, des dévergondées, des prostituées… elles n’apparaissent que rarement compétentes, intelligentes, fiables. Enfin j’ai découvert qui étaient les « convulsionnaires » aux mœurs étranges et sadiques, dont les autorités se méfiaient tout en les laissant faire  (aujourd’hui on les considérerait comme faisant partie d’une secte particulièrement violente).

    Le style d’écriture est lui très agréable, fluide, et nous transporte facilement dans cet hiver 1759 , dans les rues et quartiers de Paris encombrés, au milieu des marchands, des mendiants, des passants qui doivent régulièrement s’écarter devant des carrosses et autres carrioles qui traversent la ville sans s’inquiéter beaucoup de les crotter ni de les renverser. Un Paris sale, sombre, puant, qui bruisse de mille rumeurs et complots plus ou moins avérés ou imaginaires.

    Comme je l’ai déjà indiqué, j’ai  apprécié ma première rencontre avec le chevalier de Volnay et avec l’auteur,  j’ai passé un excellent moment à lire ce roman, à m’imprégner de l’époque et des personnages,  à suivre cette enquête policière, à mieux comprendre Paris dans son quotidien (ses commerces, ses auberges, les repas, la difficile cohabitation entre piétons et chevaux, …). Je n’ai maintenant qu’une envie : continuer à suivre les aventures de ce commissaire (je pense d’ailleurs récupérer le 1er tome histoire de mieux comprendre certains éléments et personnages)  et je vous recommande de faire de même si vous appréciez les policiers historiques !

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  • Il reste la poussière de Sandrine Collette (Éditions Denoel) ; 304 pages

    Glaçante indifférence

     

    Ce roman nous transporte dans la Patagonie profonde, au sein d’une famille de fermiers qui tentent de survivre tant bien que mal, famille composée d’une mère et de ses 4 fils. Enfin, une famille si l’on peut dire car entre eux peu de liens, si ce n’est du mépris pour le 3eme garçon et de la haine pour le dernier des 4, souffre douleur des ainés, 2 brutes sans beaucoup de cervelle…

    Vous l’avez compris, Sandrine Collette nous emmène de nouveau dans un univers de solitude et de violence, dans lequel les émotions et l’humanité n’ont que peu de place.

    Les relations entre ces 5 personnages sont glaçantes. On a en fait plus l’impression d’assister à la vie d’une meute qu’à celle d’une famille, une meute à la hiérarchie établie et à ne surtout pas remettre en cause, sous peine de se prendre une correction. Une meute qui fait prévaloir la force brute plutôt que l’intelligence, et qui n’est solidaire que par pure nécessité, parce que la survie est à ce prix. Car bien sûr il n’est pas du tout question de vie ici, mais juste de survie, de précarité totale. Les sentiments ne sont présents que lorsqu’un des personnages s’éloigne quelque peu de la ferme, comme si celle-ci exerçait une influence maléfique sur ses occupants.

    Il n’y aucun donc aucun doute, la patte de Sandrine Collette est bien là, son écriture tranchante, son style ciselé, sa précision dans la description des lieux et des personnes. On reconnait aussi ses thèmes de prédilection : la solitude émotionnelle, la violence, physique mais surtout psychologique, l’indigence intellectuelle et le sadisme.

    Mais nous ne sommes pas vraiment dans un polar noir, il n’y a pas vraiment de progression  même s’il y a une évolution dans l’histoire, et c’est peut-être ce qui m’a manqué car j’ai pris moins de plaisir à lire ce roman que Nœuds d’acier (fantastique !) ou 6 fourmis blanches (excellent !). J’ai eu en aussi du mal à vraiment m’intéresser au héro du récit, Rafael, trop passif à mon gout, qui subit sans réellement réagir, et qui se contente d’esquiver les coups autant que faire se peut.

    Bref, un bon roman, toujours aussi bien écrit, mais qui, même si je l’ai apprécié, ne m’a pas vraiment embarquée. Il faut dire aussi qu’en 2 livres Sandrine Collette est rentrée dans la liste de mes chouchous, et que j’attends donc toujours beaucoup d’elle ! D’ailleurs un autre de ses romans m’attend bien au chaud dans ma PAL…

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  • Baad  de Cédric Bannel (Editions Robert Laffont) ; 480 pages

    Une claque !

    Merci aux éditions Robert Laffont et à NetGalley de m’avoir offert  la possibilité de découvrir Baad en version numérique.

    Ce roman nous fait suivre la double enquête menée en parallèle par 2 « super flics » : Nicole en France et le Qoomaandaan Kandar en Afghanistan ; il conte aussi l’histoire de 2 mères qui feront tout pour protéger leur famille respective d’assassins sans scrupules.

    Et c’est une vrai claque !  A la fois un page turner dont j’ai eu bien du mal à me détacher, la découverte d’un pays et d’un peuple aux mille facettes, une réflexion sur l’hypocrisie religieuse des talibans,  une peinture de la place des femmes et des enfants dans cette société patriarcale, et bien d’autres choses encore…

    L’histoire dans laquelle l’auteur nous embarque est faite  de bruit et de fureur, de violence et de douleur, mais aussi de force, d’intelligence, de courage et de pugnacité.

    Le récit est prenant dès les premières pages, que l’on se situe en France, en Italie ou en Afghanistan ; il n’y a aucun temps mort , on vit avec chacun des personnages cette course contre la montre pour empêcher l’assassinat de plusieurs enfants ; on se sent comme eux sur le fil du rasoir à tout instant ou presque ; on les voit jauger chaque décision, faire des choix parfois inhumains, prendre des risques, progresser dans leur enquête, pas à pas, en évitant les pièges et les fausses pistes.   

    Une des grandes forces du roman réside aussi dans  sa capacité à nous transporter en Afghanistan : les descriptions des paysages et sensations (chaleur, froid,   poussière, odeurs, …)  sont tellement réussies qu’on s’imagine sans peine dans les rues de Kaboul, dans ces villages perdus, dans ces montagnes, sur ces routes dangereuses. Celles des scènes de combat et de violence sont tout aussi réussies, et pourraient très facilement servir de base à un scenario de film.

    Et au-delà du récit, l’auteur nous fait découvrir  un pays dont on sent qu’il vit dans un équilibre des plus précaire entre folie, hypocrisie, violence, mais aussi malgré tout une certaine forme de majesté. Folie des talibans dont les prises de positions ne sont qu’incohérence et barbarie. Hypocrisie d’une classe dirigeante qui navigue entre corruption et mensonges. Violence de ceux qui tuent, pillent, violent, torturent en toute impunité (et souvent au nom de principes séculaires qu’ils bafouent par ailleurs allégrement). Majesté de certains qui défendent une certaine idée de leur culture, et les principes de loyauté, courage, dignité qui en font la force.

    Vous l’avez compris, j’ai tout simplement adoré ce roman, que je vous recommande vivement, surtout si au-delà des seules enquêtes policières, vous recherchez  des ambiances différentes, de la nouveauté, des personnages forts, et des informations sur des pays peu connus.

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  • Newland  de Stephanie Janicot (Editions Albin Michel) ; 304 pages

    Convenu, prévisible, immature

    Ce roman se déroule dans un futur assez  récent, dans lequel chacun, à l’âge de 14 ans, est orienté par SOL, le dirigeant de Newland, vers l’une des 3 «castes » qui co existent : les Blancs (les intellectuels et dirigeants, seuls habilités à se reproduire), les Bleus (chargés de l’éducation des enfants) et les Noirs ( qui assurent les différents métiers manuels  et techniques).

    Newland est en fait un le descendant de l’Union Européenne, dont les habitants ont renoncé à quasiment toutes leurs liberté pour  assurer  leur sécurité ; la population  est limitée et régulée,  la plupart des habitants stérilisés ;  les couples et familles sont formés par SOL ;  sortir  et entrer dans Newland est impossible.  Marian vit dans cet environnement, quelle va petit à petit remettre en question. Voilà en gros le contexte du récit 

    Et autant le dire, j’ai été déçue par cette lecture  L’idée de départ est intéressante mais très vite on tombe dans une simplicité qui personnellement m’a vite lassée : l’univers, d’abord, m’a semblé tellement proche de celui de Divergente que cela a totalement pollué ma lecture  ; les  rebondissements ensuite m’ont paru tellement attendus que j’ai trouvé le déroulé global de l’intrigue cousu de fil blanc et sans aucune surprise ; j’ai trouvé  les  personnages  bien trop lisses, il a été impossible pour moi  de m’ attacher  à eux plus de quelques pages, et les relations entre eux sont vite devenues sans intérêt (l’histoire d’amour notamment est guimauve au possible et m’a rapidement agacée) .

     Tout est en fait m’a paru stéréotypé dans ce livre, et tellement prévisible que je n’ai  finalement eu qu’une seule envie, le terminer au plus vite pour passer à autre chose. [spoiler] Quant à cette histoire de voyage dans le temps qui intervient aux 2/3 du livre, elle est à la fois inutile, inefficace et plus négative qu’autre chose pour la cohérence du récit (j’avoue avoir souri, voire ri à la lecture de certains passages, tant Marian y fait preuve de naïveté, voire de niaiserie).[spoiler]

    Même le débat sur le bon équilibre entre préservation des libertés de chacun et besoin d’assurer la sécurité pour tous parait creux et plat alors qu’il méritait d’être au cœur du récit et bien mieux valorisé.

    Bref, j’ai eu le sentiment de lire un livre pour adolescent, avec une approche simpliste et plutôt fade de ce qu’est le totalitarisme…. je ne vous le recommande donc pas si vous recherchez des lectures plus matures! Mais bien sûr ce n’est que mon humble avis

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  • Cantique de l’assassin  de Guillaume Prévost (Editions Nil) ; 368 pages

    Comme un petit air de Brigades du Tigre …..

    Merci aux éditions Nil et à Netgalley de m’avoir permis de découvrir ce livre !

    Le récit de ce roman policier se déroule en 1920, entre Paris et le Sud Ouest. Il y est question du meurtre d’un prêtre et de vieilles légendes autour de l’abbé Saunière. Le héro est un policier qui boit trop, mange mal, ne croit plus en rien, et va se retrouver chargé de cette affaire particulièrement sanglante.

    Enquête comme personnages sont ici de facture assez classique, mais maitrisés et bien menés de la première à la dernière page, avec une écriture simple, aérée, fluide, très plaisante à lire. Les différents rebondissements sont réussis et peuvent surprendre.  La touche « ésotérique » n’est présente que par petites touches et ne sert en fait que de prétexte au déroulé de l’histoire ; elle ne risque donc pas de rebuter les lecteurs qui comme moi finissent par  être lassés de tous ces romans écrits (pour ne pas dire pondus, mais là je risquerais de paraître désagréable !)  à la chaine sur ce thème galvaudé à force d’être servi à toutes les sauces et à la moindre occasion (c’était mon petit moment « râleuse » du jour …).

    Mais le vrai plus du roman se situe dans sa reconstitution de l’époque … quand il fallait des heures pour faire quelques kilomètres (alors un voyage Paris /Carcassonne…) … quand les repas de midi étaient pris dans des auberges … Quand dans les villages les prêtres, les instituteurs  étaient encore considérés comme des notables  à respecter.  Surtout, les mots et expressions utilisées, sans aucun anglicisme, semblent à la fois désuets et agréables, et on a par moment l’impression de se retrouver au milieu d’un épisode des Brigades du Tigre, entre argot, titi parisien et vocabulaire suranné …

    Bref un vrai voyage dans une période à la fois pas si lointaine (un petit siècle) et en même temps déjà tellement différente et un roman, certes pas inoubliable, mais très agréable que je vous recommande !

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