• Un sac  de Solène Bakowski  (Éditions Milady) ; 288 pages

    Le conte d’une Causette déjantée …

    Lecture numérique !

    Merci beaucoup aux Éditions Milady et à Netgalley de m’avoir permis de découvrir ce livre, dans lequel nous suivons  la vie de Anna Marie, de sa naissance à ses 24 ans. Une vie qui commence dans la douleur, et qui sera  ponctuée de crises de violence inouïes et soudaines, seule solution que trouvera cette petite fille, puis cette adolescente,  puis cette femme,  pour gérer frustration et coups durs. C’est elle qui nous raconte son enfance, la découverte d’une mère rendue folle dont les mots qu’elle croit dits pour elle la marqueront pour toujours. C’est elle qui nous décrit la rencontre avec Camille, puis Max, deux des hommes de sa vie, qui tous les deux lui feront du mal. C’est elle qui nous parle de l’après Camille, de l’après Max, de sa survie. C’est elle enfin qui nous expliquera pourquoi elle se retrouve Place des Grands Hommes, avec ce sac, titre du roman.

    L’écriture de Solène Bakowski est belle, précise ; elle nous permet d’entrer dans la tête de son héroïne et de la suivre sans peine, et sans vraiment réussir à la juger malgré les actes fous qu’elle commet lorsqu’elle « pète les plombs », submergée par des sentiments (peur, jalousie, désespoir)  qu’elle ne sait plus contrôler.

    Vous l’avez compris : si vous cherchez une bluette, un roman léger, de la guimauve, passez votre chemin, car dans  ce récit il n’est question que de trahison, d’abandon, de mort. Les moments agréables sont rares, et présentés de façon très succincte, comme si l’auteur voulait les évacuer rapidement pour se concentrer sur la noirceur d’un destin marqué dès avant sa naissance par le malheur, et finalement quelque part prédestiné au pire. C’est peut-être la seule limite de ce roman, cette insistance à vouloir nous démontrer que tout est déjà bouclé, que pour Anna Marie, seuls le noir et l’horreur sont possibles, malgré la volonté d’avancer, malgré la recherche d’une certaine forme de normalité, puis de  rédemption.

    Ce roman n’est pas à mettre entre toutes les mains, et n’est surtout pas à lire un jour de déprime. Mais si vous aimez les romans noirs, les personnages dérangeants, les récits réalistes, je vous le recommande car vous y trouverez votre compte, avec en plus la découverte d’une auteure au style vraiment intéressant.

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  • La fille d’avant  de JP Delaney  (Éditions Mazarine) ; 428 pages

    Excellent thriller psychologique !

     

     

    Merci à Babelio et aux Éditions Mazarine de m’avoir permis de découvrir ce livre en avant première, avec en plus une édition spéciale pour les personnes qui comme moi ont eu la chance de le recevoir !

    Ce roman est une histoire à double voix : celle d’Emma et celle de Jane, qui à quelques temps d’intervalle vont habiter la même étrange maison à Londres. Une maison de rêve au loyer acceptable mais aux règles très précises, imposées à des locataires triés sur le volet par son propriétaire, homme étrange et fascinant, obnubilé par une simplicité synonyme de perfection. Bien sûr cet homme, architecte renommé et controversé, va vite prendre une place prépondérante dans la vie de chacune des deux jeunes femmes, jusqu’à ce que …

    Voici donc le début de ce récit, qui de prime abord, peut semble surfer sur la vague des thrillers psychologiques faisant se rencontrer des femmes un peu perdues,  fragilisées par des drames, et un homme séduisant, attirant mais aussi dangereux. J’ai moi-même été assez négativement surprise par les premières pages, craignant de devoir lire un énième livre aseptisé nous décrivant en long en large et en travers les actes d’un pervers narcissique. Mais très vite, l’histoire s’étoffe, ouvre des pistes, qu’elle s’empresse ensuite de brouiller. Les personnages se complexifient, deviennent moins blancs ou noirs, plus profonds, plus intéressants car bien plus ambivalents que le début ne le laissait prévoir. Le rythme s’accélère et il devient alors quasiment impossible de quitter le livre.

    Je me suis surprise à me dire « allez, plus qu’un chapitre » puis « allez, encore quelques pages » ou bien « allez, encore un Emma et un Jane et j’arrête ». Et quand il me fallait stopper ma lecture c’était en me disant que je pourrai le reprendre très très rapidement.

    Vous l’avez compris, après un court moment de doute, j’ai finalement été totalement happée par cette fille d’avant, n’ayant qu’une hâte : comprendre le pourquoi du comment et savoir comment tout ceci allait bien pouvoir se terminer.

    Avec son roman, JP Delaney réussit donc un tour de force : reprendre des thèmes il faut le dire assez éculés car très (trop ?) à la mode depuis quelques temps, pour les tordre, les retourner, les utiliser afin de mener le lecteur exactement là ou il le souhaite, en le faisant douter et passer de chausse trappe en chausse trappe. Je ne peux vous dire qu’une chose : si vous êtes amateur du genre (et d’ailleurs si vous ne l’êtes pas aussi !) jetez vous sur ce livre, car vous avez là un vrai thriller psychologique, bien construit, prenant, cohérent, et pas si simple qu’il y parait ! Bonne lecture !   

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  • En attendant Bojangles  de Olivier Bourdeaut  (Éditions Finitude) ; 160 pages

    magnifique roman d'amour et de folie

    C’est avec un mélange de curiosité et de recul que j’ai emprunté et débuté la lecture de ce petit roman dont tout le monde parle depuis sa sortie. Curiosité car la plupart des avis de lecteurs et critiques professionnelles sont excellents, recul car je me méfie toujours de cet emballement, n’ayant pas forcément les mêmes gouts que la majorité.

    Là j’ai très vite été embarquée dans cette histoire complètement folle d’amour complètement fou, vécue et racontée par un enfant. Une histoire faite de fêtes, de danses, d’alcool, de recherche d’absolue liberté, y compris celle de choisir son prénom et d’en changer aussi souvent (voire plus !) que de chemise…Une histoire qui tourne parfois à l’orage aussi avec des démons qui se réveillent et transforment une mère d’habitude lumineuse, la malmènent, l’enferment -au propre comme au figuré- dans une chambre ou une camisole chimique.

    Surtout j’ai été totalement emballée par le style et la plume de l’auteur, qui manie les mots, les phrases, les tournures comme je l’ai rarement vu. Le vocabulaire et les expressions sont à la fois enfantines et terriblement adultes, poétiques et recherchées, innovantes et désuètes, drôles et profondément tristes. On sait et on sent bien que c’est un enfant qui s’exprime, avec ce mélange si particulier de naïveté et de sérieux que seul un enfant possède. Un vrai tour de force donc que cette écriture d’adulte qui se met au service de son personnage principal si peu adulte encore, même s’il parait parfois bien plus mature que ses parents.

    Vous l’avez compris je suis littéralement tombée sous le charme, non pas tant de l’histoire que nous a proposé Olivier Bourdeaut, somme toute assez basique, mais de sa maitrise incroyable des mots et de la langue français. Sous le charme aussi du parti pris de la raconter telle que vécue par ce 3eme personnage, cet enfant qui semble parfois bien solitaire, bien perdu, comme un élément en trop pour ce couple fusionnel et centré uniquement sur elle, si solaire, si présente, si envahissante parfois. Un enfant qui un jour aussi,  va découvrir les cahiers laissés par son père et qui comprendra un peu mieux ce que celui-ci a fait pour préserver le bonheur de celle qu’il aimait par-dessus tout et par-dessus tout le monde.

     Je vous recommande donc vivement ce Bojangles tourbillonnant, romantique et réellement magique.

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  • Signé A  de Dorothy Koomson  (Éditions Belfond) ; 608 pages

    Pas un bon polar mais un bon roman sur le deuil

    Merci à Netgalley et aux éditions Belfond grâce auxquels j’ai pu découvrir ce roman

    Lecture numérique !

    Ici il est question d’une mère de famille dont  la vie s’est écroulée quelques mois plus tôt quand son mari a été assassiné. Elle se retrouve seule avec sa fille adolescente et son fils, à devoir surmonter plusieurs épreuves et notamment le fait que le meurtrier n’a été ni découvert ni arrêté.

    Autant le dire de suite, ce roman m’a posé un souci : sa couverture comme son résumé donnent à penser que nous sommes face à un thriller. Or, ce n’est pas vraiment le cas, et vous le savez maintenant, je n’apprécie pas du tout  les 4èmes de couverture qui survendent ou qui ne sont pas honnêtes. D’un autre coté cette histoire est belle, elle se laisse lire avec plaisir et on sent que l’auteur maîtrise ses personnages, d’où de très bons points. Je vais donc vous donner un double avis, en fonction de ce que vous recherchez comme lecture

    Si je dois juger l’aspect « polar » du livre, je le trouve très faible, sans vraiment d’intérêt ni de surprise, car finalement le responsable du meurtre est très vite sous-entendu, puis révélé, sans beaucoup de doute sur sa culpabilité réelle. L’enquête policière en elle-même est selon moi quasiment absente, ou en tout cas très en retrait durant les 600 pages. Soyons clair : cet aspect du roman ne répond absolument pas à mes attentes de lectrice régulière de policiers, et j’aurais pu très vite l’abandonner s’il n’y avait pas eu le vrai intérêt du roman, et là on arrive sur mon autre vision.

    Car il a un réel intérêt si vous oubliez la partie polar pour vous intéresser à l’histoire de cette femme complètement paumée qui se bat pour reconstruire sa famille et sa propre vie. Car c’est vraiment ça la force de ce roman et de son auteur : réussir à nous faire entrer dans la tête de cette femme et maman complètement perdue, qui va devoir gérer ses doutes, ses peurs, ses relations conflictuelles avec sa fille adolescente, et tout le reste (belle famille, amis, relations, travail, …). Dorothy Koomson (dont je n’avais rien lu avant)  sait parfaitement décrire les sentiments de Saffron, les sensations qui la submergent et menacent de la noyer durant des pages et des pages. Elle arrive à nous faire ressentir ses pires craintes, ses échecs répétés, ses rapports catastrophiques avec son entourage,  puis petit à petit son espoir qui renait,   le courage qui revient, les décisions qu’elle réussit à prendre sans plus se laisser imposer celles des autres. C’est à une vraie renaissance qu’elle nous convie en fait.

    Mon conseil : vous cherchez un polar avec enquête, énigme, rebondissements, et découverte progressive du meurtrier et de son mobile, passez votre chemin, ce livre ne sera pas fait pour vous. Si vous voulez découvrir l’histoire d’une femme qui doit repenser sa vie et sa famille suite à un terrible deuil, avec un chouia de fond policier, alors allez-y, ce roman vous plaira. Mais bien sûr ce n’est que mon humble avis !

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  • Deux gouttes d’eau de Jacques Expert  (Éditions Sonatine) ; 336 pages

    Encore une réussite

    C’est le 6eme roman de l’auteur que je lis, donc autant dire que j’apprécie énormément Jacques Expert ! Et celui-ci ne déroge pas à la règle : et oui, j’aime ce qu’il me propose !

    Ici il est question d’un meurtre horrible de violence et d’une enquête qui aurait dû être rondement menée, le meurtrier ayant été filmé et son ADN présent partout sur la scène de crime. Si ce n’est que le présumé coupable a un frère qui lui ressemble…comme deux gouttes d’eau. Qui a tué ? Antoine ou Franck ? Franck ou Antoine ? 

    Comme d’habitude, Expert va s’amuser à brouiller les pistes tout en  brossant le portrait de personnages qui malsains, qui paumés, qui trop sûrs d’eux ou au contraire faibles et hésitants, en tout cas rarement exemplaires ou sympathiques. Il va jouer avec nous comme avec eux, nous baladant d’un jumeau à l’autre, d’une possibilité à l’autre, en nous faisant vivre l’enquête mais aussi revivre le passé de la famille.

    Lequel des jumeaux est le maléfique, le mauvais, le désaxé, celui qui a manipulé et effrayé parents et entourage depuis son enfance et qui a fini par tuer et décapiter ? Lequel est la victime, celui qui a subi, qui a dû vivre aux cotés d’un frère monstrueux et dominateur ? Ça on ne le saura qu’à la toute fin bien sûr, dans les toutes dernières pages. L’auteur sait alterner le temps présent, celui de l’enquête, des interrogatoires, des investigations des policiers en charge de l’affaire, et les chapitres qui dévoilent l’enfance de Franck et Antoine, et avec elle le questionnement de parents qui peu à peu se rendent à l’évidence : quelque chose ne tourne pas rond dans leur famille.

    Alors c’est vrai, j’ai trouvé l’intrigue peut-être légèrement en deçà de celle de Qui ? car plus évidente (en tout cas en ce qui m’a concernée). Mais elle n’en demeure pas moins prenante du début à la fin, cohérente, rythmée, efficace. Les personnages m’ont parus  peut-être plus convenus que dans Adieu, mais cela ne m’a pas empêchée de les suivre avec beaucoup d’intérêt.

    Bref, ce roman n’est peut-être pas pour moi le meilleur de Jacques Expert, mais je l’ai néanmoins lu très vite, avec beaucoup de plaisir, et je vous le recommande donc !

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