• Am Stram gram  de MJ Arlidge (Editions les Escales) ; 364 pages

    Jeu mortel

    Jeu mortel

    J’ai craqué il y a quelques mois  pour ce roman plébiscité par de nombreux blogs et libraires et pourtant  il m’a fallu le challenge mois du thriller organisé par la rousse bouquine  pour le lire.

    Que dis je le lire, le dévorer plutôt !

    Car je l’ai dévoré, ce roman,  de la première à la dernière page, en quelques heures, prise dans ce jeu macabre déclenché par un tueur sadique, qui enferme deux personnes (conjoints, amis, collègues) dans un endroit sans issue, sans nourriture, ni eau, mais avec une arme à feu, une balle, et un message clair : une seule personne pourra sortir, et pour cela  l’autre doit obligatoirement mourir. Am Stram Gram … 

    La structure du livre est celle d’un page turner : des chapitres courts, rythmés, qui passent en alternance des 2 personnes piégées aux enquêteurs, puis du survivant à ces mêmes enquêteurs.

    Même si certains personnages manquent d’originalité (la femme flic teigneuse, le second alcoolique, la journaliste fouineuse, …), on est totalement emporté par le récit, et immédiatement ou presque, on court contre la montre aux cotés de ces policiers qui très rapidement comprennent que le temps des victimes est compté.  5 jours, 10 maximum avant que l’un ne soit tué par l’autre, et que le survivant doive ensuite continuer à vivre avec une culpabilité qui va le ronger et peut-être le détruire.  A chaque couple qui tombe dans le piège, on se demande qui va céder, qui va tuer, et quelle sera sa vie après.

    On cherche aussi à comprendre qui peut bien faire ça, pourquoi, et comment un être humain peut en arriver à infliger autant de souffrances, physiques et mentales. On partage ces souffrances qui mènent  à la limite de la folie. Et bien sûr, en tant que lecteur on finit à un moment ou un autre par se demander « et si j’étais à leur place, je ferais quoi ? ».

    Bref, nous ne sommes pas dans un chef d’œuvre de littérature, mais bien dans un de ces livres qui vous happent presque malgré vous, et qui vous entrainent dans leur univers, en l’occurrence ici fait de noirceur, de brutalité, de violence. Un roman qui mérite largement son succès auprès des amateurs du genre, et que je vous recommande donc !

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  • 658   de John Verdon (Editions Grasset) ; 448 pages

    C’est avec les vieux flics qu’on fait les meilleurs polars ?

    658. C’est la première énigme à résoudre par David Gurney, ancien flic new yorkais à la retraite appelé à l’aide par une vieille relation de fac : comment l’homme qui le harcèle depuis plusieurs semaines  a-t-il pu deviner ce nombre, choisi totalement au hasard ? Aurait-il  affaire à un médium ?

    Puis viennent les meurtres, l’enquête, la volonté de comprendre, pour identifier le tueur et l’arrêter. Un tueur particulièrement tordu et manipulateur, au rituel alambiqué et retors, et qui se moque ouvertement, et à plusieurs reprises, de ceux qui le recherchent.

    Un classique donc. Oui un classique mais un excellent classique, enlevé, intelligent, qui pose question et vous empêcherait presque de dormir.  Le récit qui imbrique vie de couple et enquête est maitrisé, les personnages intéressants, l’intrigue bien menée, et le méchant pas identifiable en quelques pages.

    J’ai particulièrement aimé les chapitres qui réunissent dans une même salle une majorité de personnages : procureur, flics, profileur, Gurney . C’est là que l’auteur donne le meilleur du roman, dans les échanges qui se bousculent, les dits et non dits,  les interrogations mutuelles, les provocations, les incompréhensions, les oppositions. Des moments si bien écrits qu’on pourrait se croire présent dans la pièce, et qui m’ont fait penser à certaines des meilleures scènes de New York District (pour moi  peut-être ce qui se faisait de mieux en terme de série policière américaine). C’est là aussi qu’on se rend compte que John Verdon maîtrise parfaitement le rythme de son histoire, alternant les moments lents et les accélérations soudaines, les reculs, les avancées, les progressions et fausses pistes,  et ce jusqu’au dénouement final.

    Bref, un très bon polar, dévoré en quelques jours, et qui me donne envie d’aller jeter un œil sur les autres romans de Verdon (je sens que ma liste de « à lire » va encore s’allonger … mais ceci est une autre histoire !).

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  • Le doute   de S K Tremayne (éditions Presses de la Cité) ; 384 pages

    Un policier ? ah bon ?

    J’ai emprunté ce livre car le 4eme de couv’ était particulièrement accrocheur et réussi, parce que je l’avais aussi vu en tête de gondole dans plusieurs librairies. Et je me suis plongée dedans avec envie et curiosité, intéressée par le sujet : le mystère autour de la mort violente d’une enfant, et la façon dont sa sœur jumelle pouvait y survivre.

    Mais assez vite j’ai été déçue et me suis dit que tout de même il y avait une certaine forme de tromperie sur la marchandise, si ce n’est une forme certaine … Car pour moi nous ne sommes pas dans un polar. Dans un roman psychologique oui ; avec une certaine tension oui ; dans une ambiance particulière oui ; où on peut se poser des questions sur la survie de cette famille oui. Mais pas vraiment dans un polar, en tout cas au sens où je l’entends.

    Et je pense que c’est là le principal problème de ce roman !

    En effet, il est agréablement écrit, avec un style qui traduit bien la dérive progressive de cette famille, sa perte de repères après la mort d’une des jumelles.  Je trouve même particulièrement réussie la description  de l’Ecosse, de cette île perdue sur laquelle Angus et Sarah décident d’aller s’échouer volontairement, description qui finalement est le  principal intérêt du livre.

    Les personnages eux posent déjà plus de soucis, entre Angus, enfermé dans une haine dont on ne comprend ni les tenants ni les aboutissants avant les dernières pages (enfin si on ne devine pas la fin !), une haine qui le dévore de l’intérieur et le pousse à fuir (dans l’alcool et le retour aux sources familiales  ) , et Sarah qui passe son temps à douter de tout et de tout le monde, et qui s’accroche à sa fille comme à une bouée alors qu’au contraire on attend d’elle qu’elle protège et aide sa fille. Lydia/Kristie, elle, la jumelle survivante,  semble bien absente du roman, même si tout tourne autour d’elle.  J’ai régulièrement soupiré durant ma lecture, en me demandant si les parents allaient à un moment ou un autre se réveiller, émerger de leurs non-dits et de leurs fausses actions qui cachent en fait une énorme passivité par rapport à ce que vit leur fille, voire une forme de refus face à la réalité de cette douleur immense, de cette incompréhension, de ces peurs terribles.

    Surtout comme je l’ai dit, je me suis sentie flouée en tant qu’amatrice de policiers, polars et autres thrillers, car je le répète nous ne sommes pas dans un roman de ce type ; j’aurais donc préféré que l’on respecte la lectrice que je suis en me présentant ce récit pour ce qu’il est : un roman psychologique teinté d’un petit soupçon de thriller.   

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  • Tout pour plaire   de Ingrid Desjours (éditions Robert Laffont) ; 528 pages

    Pas vraiment tout pour plaire …

    Je ne connaissais pas du tout cette auteure et en lisant des informations sur son dernier roman (les fauves)  ; très curieuse d’en savoir plus et de me faire mon opinion, j’ai donc emprunté Tout pour plaire à ma médiathèque.

    Et je l’avoue autant l’écriture m’a emballée autant j’ai été déçue par l’intrigue elle –même .

    Il est clair que le style vif , fluide, précis de Ingrid Desjours est vraiment très agréable  à lire.  Il est vrai aussi que la description de ses personnages est réussie. Globalement c’est la qualité principale de l’auteure : sa capacité à nous mettre dans leur peau, à nous faire ressentir leurs émotions, leurs doutes, leurs atermoiements.

    Par contre l’intrigue m’a rapidement laissée sur le bas côté , tellement l’histoire m’a semblé cousue de fil blanc, sans aucune surprise ni réelle subtilité. Très vite on perçoit que tout n’est qu’apparences dans ces personnages , très vite aussi on comprend la cause première de cette haine omniprésente et qui pousse à détruire.

    De même j’ai trouvé les personnages stéréotypés : les 2 frères à l’enfance difficile, avec  leur vraie fausse rivalité, la femme fragile qui fait tomber tous les hommes à ses pieds, le flic violent et désabusé. Le voyou, lui, semble tout droit sorti d’un film mix des Incorruptibles et du Parrain.

    Alors au bout du compte j’ai fin par me poser une question :  et si le but de l’auteure n’était pas  en fait simplement de nous emmener, nous les lecteurs de polars (qui adorons jouer aux  policiers et aux psy amateurs),  au pays des déviances : personnalités perverses, borderline, sociopathes,… ? Ces déviances que tout le monde pense être capable d’identifier « comme un pro »  tant elles ont été médiatisées, à la façon de cette gentille voisine qui s’imagine avoir tout compris mais qui en fait n’a rien vu de la réalité … 

    Bref, l’intrigue est pour moi totalement absente, les personnages sans profondeur, mais la forme est très belle, et cette question demeure. Alors il est fort probable que je lirai un autre des romans de Ingrid Desjours, histoire de me forger un point de vue plus précis sur cette auteure.

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  • L’œil du tsar rouge   de Sam Eastland (éditions Anne Carrière) ; 442 pages

    Un coup d’œil et puis oubli …

    Dans ce roman il est question d’une quête, celle de Pekkala, ancien policier d’élite au seul service du Tsar Nicolas II, que le régime soviétique sort du goulag auquel il a été condamné pour lui demander de  retrouver les corps de la famille Romanov, de vérifier si tous sont morts (le tsar, son épouse, ses 3 filles et son fils) ou bien s’il est possible que des survivants aient pu s’enfuir.

    L’auteur alterne l’avancée de l’enquête en 1929 avec des chapitres dédiés à la vie de Pekkala, son enfance, sa formation, comment il a rencontré le Tsar, sa carrière jusqu’au son arrestation et sa condamnation.

    Le style est simple, l’écriture fluide, ce qui permet une lecture rapide et somme toute agréable, mais le fond du roman m’a lui franchement déçue.

    Déjà, l’enquête n’est pas particulièrement passionnante, et on a du mal à se plonger dedans vraiment. Seules certaines touches de réalisme nous sortent de l’ennui, comme la découverte de ce village fantôme au milieu de nulle part.

    Ensuite le portrait du tsar brossé par l’auteur  est tellement idéalisé qu’il agace : comment un homme présenté comme  si clairvoyant a –t-il pu ne rien voir venir de cette révolution qui allait tout emporter ? le thème mainte fois utilisé du « despote malgré lui » manque, lui,  vraiment de créativité.

    Quant au personnage de Pekkala lui-même, présenté comme particulièrement intelligent et  d’une incroyable mémoire, il m’a semblé bien fade, et pas si intéressant que cela.

    Surtout, ce que je reproche au roman, c’est la base même du récit : que Staline ait laissé en vie un des plus proches « soldats » du tsar (presque un ami), entièrement acquis à sa cause, quand on sait ce qu’il faisait de ceux qui s’écartaient d’un demi cheveu de sa perception du monde…. qu’il le fasse sortir du goulag alors que le plus humble de ses opposants y finissait sa vie … qu’il lui confie une enquête aussi  « politique » et « sensible » que cette recherche du corps des Romanov …

    En empruntant ce livre, j’attendais aussi plus d’aspérités, plus de profondeur sur la description de l’époque, sur les conséquences au quotidien de la prise de pouvoir totalitaire de Staline. Une ambiance très bien décrite par Tom Rob Smith dans ses romans et qu’on ne retrouve pas du tout ici …

    Bref, ce roman m’a déçue par sa fadeur et ses incohérences, et je ne lirai pas la suite des aventures de Pekkala, mais bien sûr ceci n'est que mon humble avis

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