• Les impliqués   de Zygmunt Miloszewski (Editions Mirobole) ; 448 pages

    Une très belle découverte

    Une très belle découverte

    Ma médiathèque met régulièrement en avant des maisons d’édition peu connues ou peu médiatisées ; c’est de cette façon que je suis tombée (ouille !) complètement par hasard sur ce livre, et voyant qu’il s’agissait d’un policier, je l’ai immédiatement emprunté : un policier polonais, rien de tel pour me changer  des habituels polars anglo saxons…

    Et figurez vous que j’ai vraiment bien fait de céder à ma curiosité (qui n’est pas du tout un vilain défaut, surtout en matière de lecture), car ce roman est une vraie belle découverte !

    Le sujet est classique : un meurtre ! Mais le reste ne l’est pas du tout … Déjà, avouez que se faire énucléer jusqu’au cerveau par une broche à rôtir n’a rien de commun. Ensuite que cela se passe durant un weekend de  thérapie dite de « constellation familiale » n’est pas non plus ce qu’il y a de plus habituel (si vous voulez savoir précisément en quoi consiste ce type de thérapie, lisez ce roman, ou bien faites quelques recherches sur le net). Et que tout ceci se déroule en plein cœur de Varsovie ajoute à la nouveauté.

    Le récit nous permet à la fois de suivre le déroulé de l’enquête, qui en Pologne est menée principalement par un procureur, avec l’aide (ou pas) de policiers, et découvrir le fonctionnement social du pays. Certes certains clins d’œil ironiques à l’univers politique local nous échappent plus ou moins (plutôt plus que moins me concernant, mes connaissances sur la Pologne se résumant à …pas grand-chose en fait), mais cela ne nuit pas du tout à l’intrigue. On ne peut par contre pas passer à côté de la critique de la société polonaise. Critique qui s’exprime par un humour noir que j’ai particulièrement  apprécié (notamment les pages qui portent sur le traitement par la justice des femmes qui tuent leurs maris après des années de maltraitance).

    Cet humour noir, cette ironie, l’auteur les manie avec efficacité pour mettre en avant le malaise et le mal-être de son personnage principal, un procureur encore jeune, mais déjà désabusé et englué dans l’ennui et la monotonie. Un procureur dont on ne sait pas trop en fait s’il aime encore son métier, tellement il semble mettre de distance avec les activités qui font son quotidien. Un procureur dont on ne sait pas non plus s’il aime encore sa femme, ou si là aussi l’ennui l’a emporté, au point de le pousser à aller « regarder ailleurs «  (regarder, et plus si affinités…).

    Une fois passé le petit temps (très court)  d’adaptation   aux noms des différents acteurs de l’histoire, on se laisse très vite embarquer dans ce roman bourré de qualités, qui surprend, faire sourire,  et maintient le doute jusqu’au bout sur le meurtrier et ses motivations.

    Je vous le recommande donc et je m’en vais lire d’ici peu la suite des aventures du procureur Théodore Szacki, avec autant de plaisir je l’espère !

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  • Ils savent tout de vous   de Iain Levison (Éditions Liana Levi) ; 240 pages

    Vous pourriez le faire un p’tit peu plus long ?

    Vous pourriez le faire un p’tit peu plus long ?

    De Iain Levison j’avais lu l’excellent Arrêtez moi là il y a plusieurs années. J’avais donc une opinion très positive de l’auteur et c’est avec un plaisir a priori que  j’ai commencé la lecture de ce roman.

    Son thème ? La capacité de lire dans l’esprit des autres et ce que l’on pourrait en faire. Ici plus précisément ce que pourraient en faire un flic, un prisonnier et une agence gouvernementale. Comme par exemple résoudre un maximum d’enquêtes policières en un temps record, ou bien espionner un certain nombre (un nombre certain ?) de personnes, ou bien encore …prendre correctement soin d’un chat (je vous laisse découvrir cette scène !)

    Vous l’aurez compris on retrouve dans ce livre le mordant et l’ironie de Iain Levison, par petites touches efficaces, quand on s’y attend peu, et qui font sourire et hocher la tête  en se disant « bon sang il a osé ».

    On suit avec intérêt les tâtonnements de Snowe,  le flic, qui au début ne comprend absolument pas ce qui lui arrive, et qui apprend peu à peu à apprivoiser son don, et à l’utiliser à bon escient. Et admettez que pour un flic, il peut être très utile de démêler rapidement le vrai du faux dans ce que vous racontent vos témoins et suspects, cela permet au moins d’éviter certaines erreurs et bavures (clin d’œil appuyé à Arrêtez moi là ?).

    On se demande assez vite comment va se passer la rencontre avec Brooks Denny le taulard tueur de flic (oups …), car oui il ne peut qu’y avoir rencontre de ces 2 là, mais avec quoi ?  Incompréhension,  indifférence, haine ou coup de foudre entre télépathes qui n’ont pas besoin de parler pour se comprendre ?

    On essaie aussi d’imaginer comment l’agence gouvernementale qui recherche et identifie ces télépathes va gérer cette rencontre et va l’utiliser.

    Les 150/200 premières pages fonctionnent donc plutôt bien. Et puis d’un coup, on se rend compte qu’on arrive quasiment au terme du roman et qu’il manque tout de même pas mal de choses : plus d’explications, plus d’échanges entre les personnages, plus de recherche et de développement dans l’histoire tout simplement. Car disons-le, on reste tout de même largement sur sa faim, en tout cas, moi je suis restée sur ma faim, avec un très grand sentiment d’inachevé, de « pas assez » (vous savez, comme dans la fameuse pub sur ces gâteaux chocolatés « dites monsieur Cadbury, vous n’auriez pas pu les faire un p’tit peu plus longs»…). Le thème est excellent, les personnages intéressants, le sujet prenant et ils auraient largement  mérité une centaine de pages de plus, au moins, afin d’enrichir le récit.

    Bref, un roman qui aurait vraiment pu être bon s’il avait proposé plus que ces 240 pages bien frustrantes…

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  • (Millenium 4) Ce qui ne me tue pas de David Lagercrantz (éditions Actes Sud) ; 496 pages

    une suite à oublier ...une suite à oublier ...

     

    Lecture numérique !

    Avis à tous les fans de Millenium : arrêtez là, ne lisez pas cette chronique !

    Déjà, je dois vous préciser une chose : autant j’avais adoré la série télé tirée des 3 tomes de la fameuse saga connue de tous les amateurs de polars (nordiques ou pas), autant j’avais eu du mal avec les romans que je trouvais malheureusement très mal écrits (ou traduits ??). Malheureusement d’ailleurs, car autant le style était pénible à lire, autant le fond était là et bien là :  des personnages géniaux et qui vous marquent pendant longtemps (Salander !), un récit fantastique qui vous embarque et dont vous voulez absolument et à tout prix connaitre et comprendre l’issue, une ambiance unique….

    Donc forcément, quand Millenium 4 est sorti, je me suis laissée tentée (après plusieurs mois tout de même !), d’autant plus que l’auteur avait changé, avec peut-être donc la possibilité d’apprécier son style.

    J’ai toutefois très vite déchanté ! Que ce 4eme tome est donc mal écrit…à moins que la traduction ne soit responsable… que de lourdeur dans le vocabulaire et la syntaxe, de redites, de longueurs, de paraphrases, de répétitions… Je râlais toute seule sur ma tablette en lisant les premières pages (à tel point qu’on m’a regardée bizarrement dans l’avion !)  . J’ai failli stopper très vite ma lecture, mais l’effet Salander étant toujours présent, j’ai persévéré ….

    Je ne sais pas trop pourquoi finalement, car sur le fond, pas beaucoup plus d’intérêt …les personnages secondaires ? Des poncifs par dizaines : le gamin témoin du meurtre que tous prennent pour un attardé mais qui est en fait un autiste savant, le jeune journaliste plein d’avenir mais trop naïf, les espions qui dans le fond ont des valeurs, les capitalistes sans âme qui veulent s’emparer de Millenium pour le dénaturer, des méchants tellement méchants qui …je m’arrête là vous avez compris …

    Le récit ? une accumulation de « déjà vu » sans surprises : un chercheur de haut niveau, spécialiste de l’intelligence artificielle, qui se fait assassiner sous les yeux de fiston, dit fiston qu’il va falloir protéger contre ceux qui (ayant enfin compris, les idiots !, le risque qu’il faisait peser sur eux) vont tenter de l’éliminer …tout ceci au milieu d’une traque au hacker menée par la NSA (devinez donc qui est le hacker !!) , et d’une vengeance familiale qui se veut implacable, avec des méchants tellement peu crédibles qu’on les plaindrait presque s’ils n’étaient pas aussi méchants ( ! )

    Même les personnages de Lisbeth, Mickael et Erika tiennent difficilement la route, devenus trop parfaits, trop lisses, trop …trop. Lisbeth notamment, transformée en quasi super héroïne (limite ninja de la nuit, la Lisbeth dans ce roman !) capable de trucider 3 méchants à la seconde tout en communiquant avec un gamin qui n’a jamais parlé jusqu’ici …Mais qu’avez-vous fait de MA Lisbeth, sauvage, ingérable, indépendante et asociale ?

    Bref, vous l’avez compris, je ne vous recommande absolument pas ce roman qui manque de tout ce qui a fait Millenium sans en gommer les défauts d’écriture.

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  • Malefico de Donato Carrisi (éditions de l’Aube) ; 447pages

    sympa mais pas le policier de l'année ....sympa mais pas le policier de l'année ....

     

    Donato Carrisi m’avait totalement embarquée avec son Chuchoteur il y a quelques années, et depuis j’ai lu plusieurs de ses romans en espérant , un peu en vain, retrouver le même niveau de lecture .

    Et une fois encore j’ai terminé ce livre ci en restant sur ma faim …

    Certes les personnages sont intéressants. On retrouve avec un certain plaisir Sandra, la photographe spécialiste de scènes de crime et Marcus le pénitencier amnésique et chasseur de tueurs. On les voit évoluer, tenter de vivre normalement pour elle (quelques années après la mort de son mari) , tenter de comprendre qui le dirige vraiment en sous-main  pour lui. On les suit dans leurs doutes, leurs remises en question, leurs atermoiements, le lien qui se renoue entre eux .

    Certes les descriptions de Rome sont très belles et nous donnent le sentiment de circuler au cœur de cette ville multi millénaire, véritable musée urbain dont je rêve d’arpenter les rues et les monuments. Une vrai réussite d’ailleurs car cette impression de se retrouver, aux côtés des enquêteurs, à la recherche d’un tueur de couples sanguinaire ne nous quitte jamais ou presque et l’on s’imagine sans peine parcourir la ville en tous sens.

    Certes aussi l’écriture est agréable, le style fluide, et on passe somme toute un bon moment avec ce livre facile à lire, globalement sans temps mort.

    Mais il lui manque ce quelque chose qui fait les romans qu’on oublie pas, ceux qui des mois, des années après nous reviennent en tête pour leur inventivité, leur créativité, la qualité de leur histoire, ou la particularité de leurs personnages. Ce quelque chose en plus que possédait Le Chuchoteur, et qui là selon moi fait défaut. Peut-être un petit gout de « déjà vu », tant du côté du tueur que de celui des victimes ?

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  • Jusqu’à ce que la mort nous unisse  de Karine Giebel (Éditions Fleuve Noir) ; 489 pages

    Cousu de fils blancs …Cousu de fils blancs …

     

    Je n’avais jusqu’ici jamais lu Karine Giebel (oui j’avoue…) et voyant beaucoup d’articles et chronique sur cette auteure, j’ai voulu emprunter un de ses romans. Les tous derniers n’étant pas disponibles, je me suis rabattue sur celui-ci, un peu plus ancien. Peut-être aurais-je mieux fait d’attendre.

    Car autant le dire tout de suite, j’ai été plutôt déçue.

    Déçue par l’intrigue qui ne m’a pas particulièrement emportée, et dont j’ai très vite compris la fin (il faut dire aussi que le titre du roman aide bien …).

    Déçue par les personnages principaux, que j’ai trouvés assez caricaturaux : la femme gendarme qui galère dans un milieu d’hommes machos et peu enclins à revenir sur leurs préjugés ; le beau guide ténébreux, rendu si malheureux par la fuite de sa femme qu’il le fait payer à toutes les autres ; le maire tout puissant qui régente son village et sa famille comme un mini royaume dont il serait le maître ; le fils du maire qui se croit tout permis car il est « fils de », …

    Déçue par les relations entre les personnages, qui manquent de subtilité : les villageois chasseurs contre les gardiens du parc chargés de la protection des la faune et la flore ;  l’amitié si franche et si belle entre Vincent et Pierre ;  le commandant du peloton de gendarme et son fils … Et surtout la relation entre Servane et Vincent, qui oscille entre une amitié « virile » et un amour impossible mais qui peut-être en fait pourrait être possible après tout (ce message ci d’ailleurs m’a particulièrement déplu mais  je ne peux pas en dire plus sous peine de dévoiler un des aspects du roman).

    Déçue des pistes ouvertes,  mais jamais vraiment utilisées jusqu’au bout, alors qu’elles auraient pu apporter de la profondeur à certains personnages et servir le récit pour l’enrichir : les fêlures profondes de Vincent, les peurs de Servane, la rancœur du prêtre, …

    Une chose toutefois est particulièrement réussie : la description de la montagne, de sa beauté, de son mélange étonnant de rudesse et de délicatesse, rudesse de la roche,  délicatesse des couleurs. L’auteure nous donne le sentiment d’y être, d’assister à ce coucher de soleil, de participer à cette montée vers un superbe lac d’altitude, et de vivre la peur de Servane face au vide.

    Bref, j’ai un peu eu le sentiment d’être devant un de ces téléfilms policiers devant lequel on s’installe après une journée un peu trop remplie, dont on comprend les tenants et aboutissant au bout de 5 minutes à peine, mais qu’on regarde jusqu’au bout parce qu’on aime bien l’acteur principal, que les images sont belles et que cela délasse même si on sait parfaitement que ce sera sans surprise et vite oublié.

    Vous l’aurez compris je ne vous recommanderai pas forcément ce roman, mais je compte bien tester un des autres livres de Karine Giebel pour savoir si c’est à celui-ci que je n’ai pas accroché ou bien si c’est définitivement son style qui ne me touche pas.

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