• Un jour de ta vie  de Véronique Rivat,  Editions Evidence, 352 pages  

    Pour moi c’est non …

     

    Pour moi c’est non …

    Mon avis : 1/5 no

    Ambiance : kiss

     

    J’ai lu ce roman dans le cadre de la sélection finale pour le  Prix des auteurs inconnus, catégorie Noire.

    Je vais être honnête : j’ai beaucoup de mal à écrire cette chronique, d’autant plus qu’on sent très bien que Véronique Rivat a mis beaucoup d’elle et de sa propre expérience dans son récit, et que je ne souhaite blesser ni la personne ni l’auteure.

    Vous l’avez compris, je n’ai pas du tout aimé ce roman, qui pour moi ne correspond en rien à la catégorie Noire, en tout cas tel qu’il est actuellement construit.

    Durant plus de 300 pages, et durant  20 ans,  nous suivons en fait une histoire d’amour et de souvenirs  entre un gendarme décédé (le narrateur) et sa compagne. Une sorte de « Ghost » revisité, avec en toile de fond l’enquête menée par celle-ci pour découvrir qui est réellement à l’origine de la mort de son conjoint. 

    Nous allons avec Alexandra et Florent de mots doux en mots doux, avec des « mon poussin », « ma muse », « mon loulou », … bien trop omniprésents à mon gout. C’est le choix stylistique de l’auteure, donc soit ! Mais ce qui me dérange c’est le manque d’évolution dans le temps des personnages, surtout Alexandra. Si on peut comprendre que Florent demeure le même sur la durée, figé dans ses 23 ans du fait de son décès brutal, on est en droit d’attendre qu’Alexandra évolue, change, je dirais même grandisse un peu. Or, durant tout le récit j’ai eu la sensation de suivre une jeune femme d’une vingtaine d’années, qu’on soit en 1995 ou en 2010, ce qui m’a même parfois profondément agacée.

    Les personnages secondaires souffrent aussi pour moi de leur peu de relief, et parfois de cohérence me semble-t-il. J’aurais aimé notamment que ceux des collègues gendarmes de Florent soient plus fouillés, plus présents, plus approfondis. Ils sont là par touche durant l’avancée mais sans que l’on puisse percevoir suffisamment (selon moi) les détails de leurs relations, ce qui amoindrit l’intérêt du déroulé de l’enquête.  

    Une enquête qui progresse parfois lentement, parfois bien plus vite, de rebondissements en rebondissements, de façon plutôt cohérente, mais sans que je sois surprise, du fait notamment de ce  manque d’épaisseur des personnages et de liant dans leurs relations. Une enquête qui finalement n’est qu’une excuse et un moyen de raconter l’histoire de Florent et Alexandra. Une enquête qui passe au  second plan alors  que j’attends de cette catégorie Noire une mise en avant d’éléments policiers (ou polar ou thriller), qui peuvent certes s’insérer dans autre chose (de l’Histoire, de la psychologie, …), mais qui doivent garder une certaine puissance, ce que ce récit ne propose à aucun moment.

     Bref, je n’ai pas adhéré au style de l’auteure, ses personnages m’ont laissée de glace, je n’ai pas été embarquée dans l’histoire et  je n’ai pas retrouvé les marqueurs attendus de cette catégorie. Mais ce n’est que mon humble avis !

    Pour plus d'infos sur le prix, sur l'auteure, sur le roman :

     https://www.prixdesauteursinconnus.com/

    https://www.evidence-boutique.com/clair-obscur/un-jour-de-ta-vie

    https://www.facebook.com/veronique.rivat.fanpage/

     

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  • De bonnes raisons de mourir  de Morgan AURIC,   Éditions Albin Michel

     

    Meurtres sur fond de catastrophe écologique et humaine

     

    Mon avis après lecture : 4,5/5 cool  yes

    Ambiance : shocked  oh

     

    Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel qui m’ont permis de découvrir cet excellent roman !

    Ici il est question d’un meurtre horrible et d’un cadavre découvert par des touristes au milieu de ruines. 2 enquêteurs vont, chacun de leur côté, tenter de comprendre ce qu’il s’est passé et d’identifier le meurtrier. Une trame classique me direz-vous, si ce n’est qu’il ne s’agit pas de  n’importe quel cadavre et qu’il ne s’agit surtout pas de n’importe quelles ruines !  Car tout se passe dans la zone interdite qui entoure la centrale de Tchernobyl, et le mort est le fils d’une jeune femme elle-même assassinée en avril 1986,  le soir de l’explosion de l’un des réacteurs de la centrale.

    Durant 400 et quelques pages, Morgan Auric va dresser le tableau d’une Ukraine aujourd’hui exsangue, coincée dans une guerre qui ne dit pas vraiment son nom, dans une crise économique larvée et  une situation écologique catastrophique. Avec ses personnages nous découvrons des habitants, abandonnés à leur sort depuis bien longtemps, qui pour la plupart tentent de survivre tant bien que mal, oscillant sans cesse entre peur, résignation, repli, ou bien violence et trafics en tous genres. Les héros du quotidien (et ceux du passé, comme les « liquidateurs » de Tchernobyl), les malades et les survivants (mais pour combien de temps ?) côtoient ceux qui - par cynisme ou recherche de profit rapide- trempent dans les pires combines du business radioactif.

    Nous allons aussi croiser guides touristiques du nucléaire ( ??!!), revendeurs de produits irradiés (bois, fer, poissons, légumes, ..), trafiquants en tous genres. Nous allons  suivre pas à pas les 2 policiers, partagés comme eux entre sidération et fatalisme, dans cette enquête par moment hallucinante, jusqu’à découvrir avec eux le fin mot de cette double énigme : le pourquoi du meurtre de la mère en 1986 et du fils plus de 30 ans après.

    J’ai vraiment passé un très très bon moment de lecture avec ce roman qui propose en fait  tout ce que j’aime.

    Un contexte fort d’abord, dont j’ai déjà parlé : la guerre de Crimée juste évoquée mais très présente ; les impacts catastrophiques de l’accident de Tchernobyl sur le pays et ses habitants, et sur l’ensemble de la population mondiale par ricochet (l’exemple de la trottinette radioactive fait froid dans le dos !)

    Des personnages complexes ensuite, y compris ceux de second plan, qui ici apportent du relief et renforcent les éléments forts du récit (mention spéciale à cette femme terrorisée par le fait que son mari travaille dans la zone autour de Tchernobyl).

    Une intrigue, enfin, qui s’inscrit à la fois dans l’Histoire récente (celle de 1986 et des années qui ont suivi, avec l’éclatement de l’URSS) et dans le présent, qui tient la route, avec un rythme prenant et porté par  une écriture efficace.

    Bref, vous l’avez compris, je vous recommande vivement ce livre !

     

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  • Homo drogus    de Roland Gori et Hélène Fresnel ; Éditions Harpercollins, 100 pages

    Intéressant mais bien trop court, trop généraliste, trop « fourre-tout » !

     

    Mon avis après lecture : 3/5

    Ambiance : oh  frown

    Tout d’abord merci à Babelio et aux Éditions Harper Collins qui m’ont offert la possibilité de lire ce manifeste dans lequel les auteurs expriment leur forte inquiétude face à la mise sous médication de plus en plus d’enfants et adolescents en France.

    Roland Gori tire en effet la sonnette d’alarme car les chiffres sont réellement alarmants ; et plus que les chiffres (plus d’un quart d’enfants et d’adolescents sous équivalent psychotropes à un moment ou un autre de leur croissance) ce sont les comportements et visions du sujet par les parents, soignants, entourages et société qu’il veut dénoncer.

    D’après lui l’usage irraisonné de la Ritaline est l’exemple d’une forme d’abandon de responsabilité et surtout d’une volonté de tout normaliser, y compris et surtout des comportements et personnalités jugées comme de plus en plus pathogènes car trop ceci (remuant, turbulent, hors norme) et pas assez cela (« sage », calme, attentif, performant). Il dénonce donc cette démarche, qui lui parait par ailleurs trop en lien avec l’industrie pharmaceutique, quitte à « créer » des maladies pour faire vendre de nouvelles molécules ou nouvelles utilisations d’un médicament.  

      Les chiffres donnés sont effectivement effrayants, de même que la description de certains soignants qui dégainent très et trop vite des ordonnances « miracles » pour enfants agités. Et si on suit les débats autour de la Ritaline et de son utilisation, on peut légitimement se poser des questions sur l’accélération du volume de ventes en France (même si nous sommes heureusement encore loin des données Nord-Américaines).

     Là où j’ai beaucoup plus de mal à suivre les auteurs c’est quand ils mélangent les sujets. En effet, au-delà de cette dénonciation, ils semblent remettre en cause non seulement les notions d’hyperactivité et de trouble de déficit de l’attention, mais aussi tout ce qui concerne les troubles DYS (dyslexie, dysgraphie, dyspraxie, dysphasie, etc). Car autant pour les premières (TDA avec ou sans hyperactivité) le diagnostic se fait en fonction d’un questionnaire donné aux parents et enseignants, avec toute une série d’interrogations sur le comportement perçu de l’enfant concerné –avec ce qui peut être vu comme une subjectivité totale, car ce que certains considéreront comme normal sera potentiellement estimé totalement anormal par d’autres-, autant le diagnostic sur les troubles DYS est établi suite à des tests normalisés, factuels, précis, qui ne donne pas de place à la subjectivité et la sensibilité des professionnels qui les font passer. De plus, les troubles DYS ne se soignent pas à coup de médicaments (ils ne se soignent d’ailleurs pas, en tout cas pas en l’état de la science,  ils se compensent juste…).

    Dès lors, avec ce pèle mêle que j’ai trouvé franchement peu subtil,  les auteurs m’ont perdue en cours de démonstration : en effet que veulent-ils  dénoncer exactement? La volonté de rendre pathologiques le plus possibles de comportements différents pour ensuite  faire vendre un maximum de pilules de « normalisation » ? Dans ce cas, il aurait fallu rester concentré sur ce sujet central !

    Il aurait fallu aussi aller au-delà de ces 100 pages, proposer plus d’analyses, s’appuyer plus largement sur les études scientifiques, sur les débats sur le sujet, repréciser des définitions, expliquer plus. Il aurait aussi fallu étayer en proposant quelques solutions valables, et pas simplement celles qui consistent à remettre en cause le rôle de parents dont le portrait brossé ici est tout de même peu flatteur (parents absents, peu intéressés, et qui cherchent la solution rapide et simple : la pilule « magique » qui transformera leur zébulon en image).

    Bref, au terme de ma lecture je suis frustrée ! Frustrée car il met (avec une certaine justesse pour le coup)  en avant certaines déviances de notre société du rabotage (tous pareils, tous identiques, tous  à la fois performants ET dans la norme) sans aller jusqu’au bout de son propos. Frustrée car il alimente un débat sans proposer de solutions claires. Frustrée car j’ai le sentiment d’avoir lu un texte fourre-tout qui pose des bases, effleure le sujet, mais perd en force par son manque de subtilité, de nuance, de recherche, et avec en plus pour moi un certain nombre de méconnaissances (j’en ai parlé sur les troubles DYS).

    Ce manifeste peut donc être vu et lu comme une première approche du thème, et une alerte qui pousse à se poser des questions,  mais sa seule lecture est pour moi insuffisante pour entrer vraiment dans le débat et se construire un point de vue suffisamment argumenté. En tout cas c’est mon humble avis !   

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  • De la terre dans la bouche   de Estelle Tharreau ; Éditions Taurnada, 260 pages

     

     

      Mon avis après lecture :  4/5  money

    Ambiance : ouch

    Livre lu dans le cadre du Prix des auteurs inconnus  catégorie Noire

    Ici il est question d’Elsa et de la maison dont elle hérite après le décès de Rose, sa grand-mère. Ignorant totalement l’existence de cette maison, elle décide d’aller la visiter avant de très probablement la mettre en vente. Une fois sur place, à Mont Eloi, elle va découvrir tout un pan du passé de son aïeule, réveiller les mémoires tant elle lui ressemble, et faire resurgir les éléments d’une histoire (et de l’Histoire) que certains auraient voulu laisser bien enfouis.

    Parmi tous les débuts de romans que j’ai lus dans le cadre de la présélection pour le prix,  celui-ci était mon premier choix ; en 10 pages, Estelle Tharreau m’avait  vraiment donné l’envie d’en savoir plus, d’aller au-delà de ce petit avant-gout ; autant vous dire que j’en attendais donc beaucoup, d’autant plus que le policier historique est un sous genre que j’apprécie tout particulièrement.

    Et je n’ai pas été déçue ! J’ai dévoré le roman en quelques heures, embarquée dans ce récit qui nous propose, en s’appuyant sur les interrogations et recherches d’Elsa, un retour arrière vers une période particulièrement trouble pour notre pays : celle de la Seconde Guerre Mondiale, de la Résistance, de l’Occupation, puis de l’Epuration. Une période de combats, de clandestinité, de fausses et vraies trahisons, puis de volonté de pourchasser et traduire en justice ceux qui auraient activement collaboré avec l’occupant Allemand ; mais  aussi un temps de règlements de comptes violents et sournois entre anciens voisins, collègues, amis. Avec un certain nombre de drames et de morts violentes à la clé, que protagonistes et témoins tiennent à taire, à cacher, à oublier. Alors forcément Elsa, qui ressemble tellement à Rose, dérange…

    J’ai passé un excellent moment de lecture, avec ces allers-retours entre passé et présent, avec les questionnements  de cette jeune femme aussi,  qui va refaire connaissance avec sa grand-mère et son histoire familiale (celles des femmes surtout), une redécouverte que j’ai trouvé particulièrement touchante. Les personnages, eux, vous font tous, ou presque, douter à un moment de leur sincérité et du rôle qu’ils ont pu jouer alors, et de celui qu’ils jouent encore aujourd’hui.  Alors certes on pourrait reprocher que certains d’entre eux manquent un peu de subtilité (notamment celui de Fred, qui personnellement m’a plutôt agacée), mais finalement cela enlève peu de qualité au roman et on se laisse porter facilement.

    On se laisse aussi porter parce que l’écriture est très agréable, fluide, légère, et sait jouer du rythme pour nous emmener là où l’auteure le souhaite, dans ce coin un peu perdu (dans les deux sens du terme), avec Elsa, Rose, Jeanne, Michelle et les autres.

    Remarque complémentaire : je ne suis pas particulièrement sensible à l’esthétique des couvertures, mais pour le coup, je trouve celle-ci particulièrement belle et réussie, alors je tenais à le signaler !

    Bref,  je vous recommande ce roman et son auteure, une très belle découverte me concernant !

     

    Pour d'autres informations sur Estelle Tharreau :

    Éditions Taurnada

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  • L’étranger dans la maison   de Shari Lapena ; Presses de la Cité, 301 pages

    Meurtre chez les desperate housewives …

    Mon avis après lecture : 3,5/5 money

    Ambiance : frown

     

    Tout d’abord merci à Babelio et aux Éditions Presses de la Cité, qui m’ont offert l’opportunité de découvrir ce roman !

    Ici il est question de Tom, de Karen, de Brigid. Tom et Karen forment un couple sans histoire ; quand à Karen et Brigid, ce sont les meilleures amies du monde, même si Tom ne semble pas très à l’aise avec cette amitié. Et puis c’est l’accident, celui de Karen, dans un quartier peu fréquentable aussi éloigné que possible de la banlieue tranquille dans laquelle vivent les trois personnages principaux du roman.

    A partir de là, Shari Lapena va tisser la toile de son récit, comme celles tissées par les personnages eux-mêmes, dont on va découvrir petit à petit les liens cachés, les petits et grands secrets, les petits et grands mensonges aussi.  Une toile qui semble cousue de fils blancs, tellement ces secrets et mensonges semblent simples, classiques, déjà vus et revus, lus et relus,  et pourtant… les choses sont-elles si simples ?

    Alors certes on pourrait dire que ce n’est pas un très grand  roman. On pourrait lui reprocher que certains des personnages manquent de relief, de profondeur (les enquêteurs notamment, que j’ai trouvés franchement ternes), que d’autres sont particulièrement  irritants de par leur manque de jugeote et leur comportement par moment peu compréhensible, voire stupide. Le récit pourrait paraitre  globalement classique, à l’exception de la chute finale, qui je l’avoue m’a surprise, même si je me doutais qu’elle ne pouvait pas être aussi basique que l’histoire semblait l’annoncer.

    Mais c’est aussi un roman qui, pour moi, fonctionne : son écriture et son rythme le rendent très agréable à lire, et j’ai passé un bon moment de lecture ! Je le recommande donc à celles et ceux qui veulent se détendre durant plusieurs heures, et qui apprécieront de  faire  connaissance avec ces « desperate housewives » version Shari Lapena

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